Andewen avançait doucement, sa main dans la sienne. Sentait il qu’elle tremblait comme une feuille dans le vent ? Elle regarda de chaque côté de l’allée qu’elle remontait. Certains de leurs amis étaient là, des visages souriants, tous apprêtés comme jamais. Leur présence aurait dû la rassurer, tout comme celle de son aimé marchant du même pas. Pourtant il n’en était rien, la jeune elfe était morte d’angoisse. Ce n’était pas le symbole lié à la cérémonie qui lui nouait le ventre. Oh ça non ! Elle n’avait qu’une hâte, s’unir à Llestael. Mais elle était terrorisée à l’idée de devoir prendre la parole devant tous ces gens. Elle les connaissait bien sûr, mais chaque fois qu’elle devait s’exprimer en public elle bafouillait, elle bégayait même. Et en cette journée pluvieuse de septembre elle ne pouvait se le permettre. Parlons en de la pluie, pourquoi fallait il qu’elle s’y mette ? La soie blanche de sa robe collait sur sa peau, elle qui aurait dû tomber le plus joliment du monde. Et sa coiffure ! Elle devait être affreuse et toute défaite. Cette cérémonie aurait dû être merveilleuse et parfaite dans les moindres détails, elle l’avait tant rêvé depuis de longs jours.
Gharic attendait sur l’estrade, jouant un magnifique morceau dont lui seul avait le secret. Il les accueillait de ses mots, les encourageait même à avancer. La main lâcha la sienne, elle se sentit encore plus nerveuse. Elle rejoignit sa place à la gauche de leur ami nain. Après de nouvelles phrases qui l’émurent beaucoup, le moment vint d’interpréter son morceau. Tremblante, elle prit la harpe posée à ses pieds. Elle la cala contre elle et ferma les yeux. Ses doigts se promenèrent sur les cordes, faisant naître la mélodie qu’elle avait choisie pour la circonstance. Elle se sentit aussitôt plus sereine. Elle énonça les mots qui, elle l’espérait, traduirait ce qu’elle ressentait pour son aimé. Elle se trompa à peine dans son texte et ne bégaya pas. A la fin du morceau son regard était un peu embué d’émotions. Elle reposa l’instrument et écouta Llestael. A mesure qu’il jouait et récitait, son cœur s’emballait dans sa poitrine. Elle le dévorait des yeux. Par les Valar ce qu’elle pouvait aimer cet homme. Chaque fois qu’il était près d’elle, elle se sentait pousser des ailes. Plus rien d’autre n’avait d’importance que de pouvoir demeurer tout contre lui. Il la comblait de bonheur à un point qu’elle n’aurait même jamais pu imaginer. Trop vite il acheva sa prestation, elle lui sourit tendrement. Ils échangèrent leurs anneaux, fabriqués par la charmante Neyge. Ils étaient un peu plus l’un à l’autre. Le jeune couple scella sa promesse par un baiser plein d’amour et de tendresse. La cérémonie était finie.
Chez les Ombres, ils rirent et dansèrent jusque tard dans la soirée. Tout le monde semblait s’amuser. L’angoisse d’un peu plus tôt n’était plus qu’un infime souvenir. Le cœur léger, le pas leste, elle virevoltait dans un nuage de soie et de dentelle. Leurs amis prirent congé les uns après les autres, laissant les fiancés en tête à tête. Ils regagnèrent leur petit nid douillet pour gazouiller en amoureux. Déluge de douceur et de tendresse jusqu’à ce que Llestael finisse à s’endormir, un sourire esquissé sur ses si jolies lèvres, sa promise entre ses bras. La journée était si vite passée. Andewen était comblée. Elle l’avait imaginé et rêvé des fois et des fois, pourtant la cérémonie avait dépassé ses espérances. Tout avait été si merveilleux, rien de parfait mais c’était tellement mieux ainsi. Elle contempla son aimé et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de se blottir tout contre lui. Nul doute que ses deux là ne mirent pas longtemps à se retrouver au pays des songes.