On frappe à la porte

La ville dormait encore d’un sommeil paisible. Le jour se levait bientôt, elle connaissait suffisamment le ciel pour le lire à son aspect. Cela faisait déjà plus d’une heure que la capitaine Léandra était debout. Déjà de nature matinale, elle ne tenait plus en place depuis un long moment déjà. Elle avait une mission et un long chemin à parcourir pour l’accomplir. Pourquoi fallait il que ces gens vivent à l’autre bout de l’Eriador ? Toute personne un minimum censée et normale aurait sans aucun doute loué une monture mais la jeune femme était tout sauf comme tout le monde. Elle n’avait pas confiance en ces bêtes qui en une cabriole peuvent vous désarçonner un homme et lui briser les deux jambes. Et surtout elle les craignait mais ça elle ne l’aurait jamais avoué, on avait sa fierté. C’est donc à pieds qu’elle arpenta les chemins. Bien vite Bree et ses remparts ne furent plus qu’une chose minuscule dans l’horizon. Léandra ne s’était jamais tant éloignée de sa ville et elle n’était pas tranquille. Ce n’est pas l’inconnu qui l’angoissait rien ne faisait peur à Léandra, enfin rien sauf les chevaux… Non, elle s’inquiétait pour ces habitants qu’elle s’était engagée à protéger, sur sa vie.

Elle traversa la Comté, au moins les paysages étaient jolis, ça passait le temps. Elle ne s’arrêta même pas pour bivouaquer, elle était trop pressée d’en finir. N’écoutant pas son ventre qui émettait des grognements plaintifs, elle marchait d’un bon pas. Elle suivait les routes, s’orientait grâce aux panneaux de bois. De temps en temps elle saluait en retour un hobbit qui lui souriait mais jamais elle ne s’arrêta pour taper la bavette. Discuter était une perte de temps et le temps est chose précieuse. Après un long périple, elle passa enfin l’immense porte séparant la Comté de chez les elfes. Les gardes ne lui firent pas d’histoire quand elle énonça les raisons de sa venue ainsi que son grade. Elle en profita pour leur demander de lui indiquer les résidences de Falathlorn. Elle suivit leurs indications et pénétra enfin dans le quartier Parth Aur. Ces elfes avaient le chic pour trouver des noms étranges et difficilement prononçables. Même leurs maisons étaient pleines d’ornements inutiles. La simplicité, il n’y a que ça de vrai, pas besoin de passer des heures à peindre des arabesques dessus quand un mur de pierre suffit à vous abriter du vent.

D’ailleurs où était elle cette fichue demeure qu’elle cherchait ? Route de la rive, si elle suivait son sens logique, elle devait se diriger vers un point d’eau. Elle en vit un en contrebas, seulement pas de chemin direct, elle dut faire le tour pour pouvoir descendre. Elle regarda les numéros peints sur les boîtes aux lettres, elle finit par trouver le 5. Il était indiqué en toutes lettres « maison des Ombres », elle devait bien être au bon endroit. Elle remonta l’allée et frappa de brefs coups contre la porte. Elle attendit quelques instants que quelqu’un daigne lui ouvrir.

Il était venu apporter des documents à Melwaen.
La jeune Elfe n'était pas dans son bureau. Tant pis. Il les posa sur la petite desserte et tourna les talons.

La maison des Ombres était vide. Il y a peu encore, pensait il, elle résonnait du bruit de la fête: musique, danse, pas, bavardage, verres qui tintent, rires... Il sourit. Ca avait été une vraiment belle fête. Les robes tournaient au gré des pas des danseurs, et Andewen était superbe dans sa rboe blanche.

Un bruit sourd le tira de son rêve: quelqu'un frappait à la porte.

Il se dirigea d'un pas preste vers l'entrée. Et ouvrit un battant.

Une jeune femme se tenait devant lui.

"Le suilon, Hiril, que puis je pour vous?"

"Carolyne ! ça suffit ! arrête de bouger" !

Neyge était sur le côté de la maison ! Les Ombres avait construit un petit enclos pour y mettre Carolyne, leur nouvelle compagne....leur chèvre.

Tout autour, on y avait planté des fleurs et des arbustes pour que ce soit plus joli et que Carolyne trouve de la verdure. Malheureusement, elle dévorait tout.

Toutefois, ce qui restait suffisait à rendre invisible Neyge aux yeux de tout visiteur.

Un bruit attira son attention . Des pas dans l'allée...

Qui pouvait bien venir leur rendre visite ?

Elle se pencha, pensant voir une des Ombres arriver. Mais non ! c'était une parfaite inconnue tout en armure.

Elle n'avait pas l'air aimable, pensa Neyge en elle-même. Pourtant il faisait beau et les oiseaux chantaient. Tout portait à sourire...mais cela ne semblait pas avoir d'effet sur cette dame.

Elle l'entendit frapper à la porte.

Neyge savait que LLestael était à l'intérieur. Elle décida d'attendre qu'il la fasse entrer et irait voir ensuite qui celà pouvait bien être.

Elle continua de traire Carolyne.

La porte s’ouvrit et elle put voir un elfe se tenant dans son embrasure. Il baragouina des mots incompréhensibles pour elle. On dirait que ce peuple prend un malin plaisir à vous torturer avec leur langue à laquelle, ils le savent très bien, vous ne comprenez rien. Gardant son calme, bien que bouillonnant de l’intérieur, elle lui répondit de manière concise.

"Je suis venue trouver une certaine… *elle hésita et sembla fouiller dans sa mémoire le nom* … Mawen. On m’a dit que je la trouverais ici. "

Elle était fatiguée après tout ce chemin, elle avait soif, elle avait faim, ses cheveux étaient dépeignés par le vent, mais malgré tout cela elle se tenait fière et droite comme un i. Dans la famille Brumelle on a pas pour habitude de se laisser intimider, pas même par un immortel qui se croit supérieur rien que parce que leurs dieux leurs ont fait ce cadeau. Léandra ne croyait pas en la religion, elle se moquait tout autant de mourir, tant que c’était au champ de bataille. Elle était là pour une raison bien précise, rien ne saurait l’en détourner. Elle espérait juste que l’elfe qu’elle cherchait serait dans cette immense bâtisse et qu’elle n’avait pas fait toute cette route pour rien. De toute façon, dans le cas contraire, elle attendrait devant la porte jusqu’à son retour et peu importe le temps que ça pouvait prendre.

Llestael regarda la jeune femme. Elle n'avait pas répondu à son salut... Peut être ne connaissait elle pas le Sindarin. Après tout, c'était une humaine. Il fit un sourire, et articula dans le langage commun:

"Bonjour,Madame. Vous cherchez? Mawen? C'est celà? Je suis désolé, mais il n'y a ici personne de ce nom.Nous avons une Dame Meleneth, et une Dame Melwaen, mais pas de Mawen."

Il continua à observé la jeune femme, amusé par sa détermination, et sa tenue, pour le moins... défaite. Sans doute avait elle fait un long voyage.

"Vous semblez épuisée... Puis je vous aider?"

Neyge avait fini de traire Carolyne. Elle prit son seau de lait tiède et se dirigea vers la maison.

Elle entendit LLestael dire à la jeune femme qu'elle semblait épuisée.

"Bonjour ! Je suis Neyge ! Je vois que vous avez fait connaissance avec Llestael."

Neyge la regarda. Elle avait une tenue comme seuls ceux qui ont accompli un long voyage peuvent en avoir...frippée, poussiereuse, les cheveux peu ordonnés. Ses traits surtout trahissaient une grande fatigue.

"Ne restez pas sur le pas de cette porte. Entrez voyons. Llestael ! conduisez cette jeune dame près du feu. Nous serons mieux pour bavarder.

Je vais vous amener quelque chose pour vous restaurer un peu et vous pourrez nous expliquer ce qui vous amène chez nous".

Neyge poussa doucement la visiteuse vers l'intérieur de la maison...

Llestael regarda Neyge, qui poussait doucement la jeune femme.

Bien sur, quel idiot. Il était tellement concentré à chercher qui pouvait être cette Mawen, qu'il en avait oublié les règles les plus élémentaires de l'hospitalité. Il s'écarta donc de l'embrasure de la porte, avec un sourire gêné.
"Je vous en prie, oui. Entrez, Suivez moi"

Il conduisit la jeune femme près de la cheminée. Et alla lui chercher de quoi s'asseoir confortablement.

L’elfe lui répondit qu’il ne connaissait aucune Mawen. Allons bon…Elle le regarda bien, il n’avait pas l’air de mentir. Elle l’entendit prononcer le nom de Melwaen c’était peut être ça, ils avaient des noms si tarabiscotés ces oreiller pointues ! Comment espéraient ils qu’elle les retienne. Il fit la réflexion qu’elle avait l’air fatiguée, cet homme ne semblait pas très malin tout de même. Elle allait lui répliquer quelque chose quand elle sentit une présence dans son dos. Les sens en alerte, elle fit volte face. C’était une autre elfe bien sûr, à cet endroit il ne pouvait y avoir qu’un nid. Elle avait étrangement un seau de lait dans les mains. Elle demanda à l’homme de la faire entrer et proposa de lui préparer quelque chose pour se rassasier.

La capitaine aurait aimé refuser mais même en temps de guerre un homme devait se nourrir. Elle pénétra poliment à l’intérieur de l’immense maison. Elle se tenait sur ses gardes, comme lorsqu’elle se trouvait en territoire ennemi. Une fois rentrée, elle répondit au sujet de l’objet de son long voyage.

« Merci pour votre sollicitude. Je suis venue jusqu’ici pour voir votre chef Mawen, Mewen je ne sais plus bien. Je ne parlerais de mes raisons qu’en sa présence. »

Le ton de sa voix, comme sa mine décidée ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle tiendrait parole. Elle n’était pas venue prendre le thé, rien ne la détournerait de son objectif pas même une pauvre elfe armée d’un seau de lait ou son compagnon.

Neyge revint avec un plateau chargé de victuailles.

A l'entrée du salon, elle observa la jeune personne assise devant la cheminée face à LLestael qui semblait avoir bien des difficultés à engager la conversation.

Leur visiteuse, observait la pièce, jetant un regard, qui sembla à Neyge, presque hostile sur ce qui l'entourait.

Neyge s'avança vers eux.

"Tenez, jeune Dame ! Servez vous ! les muffins sont tout frais et avec un peu de confiture de la Comté, ils sont délicieux. Prenez également un verre de lait !"

Neyge tendit le plateau en direction de la jeune femme qui daigna à peine y jeter un regard.

"Rien ne presse ! je le pose sur la table ! Si vous êtes tentée, servez vous sans façon".

Le silence s'installa, presque pesant.

"Et bien ! comme je vous le disais, voici LLestael et je suis Neyge, officiers de cette confrérie. Nous souhaiterions donc connaître l'objet de votre visite".

L'elfe au seau, qui soit dit en passant l'avait perdu en route, apporta un plateau chargé de mets des plus appétissants. La tentation fut très grande de ne pas en goûter au moins un. D'autant que parfois lorsque la faim vous tenaille le ventre vous mangeriez même un crapaud séché, alors de bon gros muffins à la confiture ! Pensez donc ! Mais Léandra était aussi têtue que décidée et elle fit la sourde oreille malgré les protestations de son ventre vide ou plutôt l'aveugle.

Elle se présenta elle même ainsi que son compagnon. Ils étaient officiers selon elle. Ils auraient pu être respectivement le roi et la reine des elfes que cela n'aurait pas fait plus d'effet à notre capitaine. Elle ne voulait parler qu'à cette Mawen et à personne d'autre des raisons de sa venue.

"Officiers Neyge, je suis Léandra Brunelle, capitaine et protectrice du pays de Bree. J'ai fait un long chemin pour parler à votre dame chosewen vous comprendrez donc que c'est à elle et elle seule que j'exposerais le but de ma visite. Sachez seulement que si mes intentions étaient bélliqueuses j'aurais agressé votre elfe dans un coin de rue pas chez vous sur un terrain que je connais mal. Est ce que cela vous suffit à être rassurés et à ce que vous consentiez à m'introduire auprès d'elle?"

Une si longue tirade dans la bouche de cette jeune humaine était chose rare mais elle avait compris que c'était là le seul moyuen d'obtenir ce qu'elle souhaitait. Il était normal que ces gens protègent leur chef, elle aurait sans doute fait de même à leur place. Ils ne pouvaient pas savoir à qui ils avaient affaire les pauvres.

Il souriait.

"Officier Neyge" avait dit la jeune femme. Personne chez les Ombres n'appelait personne "Officier". Il trouvait celà amusant. Il était reconnaissant à la jeune Elda d'être revenue si vite. Il était terriblement embrassé de ne savoir quoi dire à la jeune humaine.

"Neyge? Pensez vous que... nous puissons? Après tout... Si vous et moi sommes là, Melwaen ne risque rien. n'est ce pas?"

Melwaen, un sourire aux lèvres comme toujours, venait de quitter Andewen. Elle lui avait rendu visite chez elle pour lui apporter quelques documents qu'elle voulait qu'elle remette à une certaine personne. Sa monture trottinait tranquillement sur la petite route de la résidence. Elle apercevait la maison des Ombres à quelques mètres de là. Arrivée devant l'allée, elle descendit de sur son étalon et l'attacha à un arbre. Elle remonta l'allée puis entra chez eux. Il lui semblait percevoir quelques voix dans la pièce voisine. Elle se rendit donc dans la salle des Ombres et trouva Llestael ainsi que Neyge en grande discussion avec une jeune femme. Elle leur adressa un sourire doux et s'approcha.

"Bonjour mes amis, bonjour jeune Dame."

Elle s'inclina poliment devant eux. Elle remarqua que l'humaine était toute...comment dire ... poussiéreuse et décoiffée. Etait elle venue de loin ? Falathlorn était un peu excentré de tout il est vrai. Elle nota aussi sa mine un peu tendue, comme méfiante. Elle lui sourit donc plus particulièrement, espérant la mettre à l'aise.

"Je ne pense pas vous connaître Dame. Je suis Melwaen."

[i]Elle ignorait que la demoiselle l'attendait et souhaitait la rencontrer elle particulièrement. Elle découvrit bien vite ainsi que la raison de sa démarche. La capitaine souhaitait rejoindre de les autres mais comme l'aurait si bien dit Lestael: "tout cela était une autre histoire."/i]

FIN (suite IG)