La jeune capitaine referma la porte derrière elle et poussa un soupir qui en disait long sur son humeur. Cette rencontre l’avait sérieusement agacée. Pour qui se prenaient ses gens ? Ils se permettaient de la juger, de la catégoriser avant même de la connaître. Il fallait bien avouer qu’elle n’y avait guère mis du sien. Elle avait volontairement écorché leurs noms compliqués mais ils avaient commencé par lui parler dans leur langue tarabiscotée et elle n’avait pu s’en empêcher. Elle connaissait peu ce peuple cependant elle les trouvait souvent hautain comme s’ils savaient tout sur tout. Ils avaient vécu des siècles mais en quoi est ce que cela les rendait supérieur ? D’elle ils ne savaient rien. Oui, elle avait du caractère, oui elle ne se laissait pas faire, des qualités nécessaires lorsque vous avez sous vos ordres des hommes aguerris qui ne vous voient que comme une petite chose fragile alors que vous devez leur commander. On ne lui avait jamais fait de cadeaux et elle s’était battue pour mériter sa place. Elle n’avait pas du tout aimé se faire réprimander comme une enfant. D’ailleurs elle avait bien failli tourner les talons pour ne jamais revenir. Ce gentil officier l’avait rattrapé et elle s’était laissée convaincre simplement parce qu’elle avait une mission à accomplir.
Elle avait réussi la première étape, le plus dur restait à faire. Elle espérait voir enfin cette Melwaen si intouchable. En attendant il fallait qu’elle se maîtrise et cela ne serait pas facile. Elle avait bien compris qu’elle leur était antipathique. De toute façon elle n’avait jamais été très douée pour se faire aimer des autres. On ne lui avait appris que la droiture et la maîtrise des armes. Elle n’avait pas d’amis, tout juste Simon qui la suivait comme un petit chien fidèle. Il était gentil et parfois d’une bonne aide, elle le connaissait depuis toute petite. Même sa famille elle ne la voyait presque pas, ils habitaient pourtant la même ville. Bree, l’endroit qui l’avait vu naître puis grandir. Voilà une cause pour laquelle elle se donnait entièrement, protéger ses concitoyens des menaces extérieures. Et elles ne manquaient pas. C’était ce qui l’amenait chez les Ombres. Il lui restait à aller la voir et l’informer de son recrutement, celle qui l'avait convaincu antant que motiver à accomplir son devoir. Elle traversa les rues de sa cité jusqu’à une petite maison où elle devait la retrouver. Elle frappa trois coups brefs puis un seul avant de pousser la porte en bois. La vieille femme était là, près du feu, à l’attendre. La capitaine se souvenait parfaitement de la première fois où elle avait fait sa connaissance, il y avait quelques semaines de cela. Elle lui avait appris que l'ombre cachait bien des secrets et nous trompait avec facilité. Elle était loin de se douter d'à quel point il fallait se méfier des apparences. Elle l'apprendrait bientôt.