Calenglin était un Elfe aux longs cheveux noirs, ceux du dessus et des côtés étant attachés en une queue de cheval sur l'arrière découvrant ses oreilles elfiques. Bien sûr son allure et sa silhouette n'échappaient pas à la règle de sveltesse des siens. Sa musculature était fine mais puissante. L'ensemble de ses traits étaient tout aussi fins, son visage légèrement allongé et ses yeux d'un marron assez foncé. Il se tenait au milieu de la chambre de sa femme dans une tunique finement brodée. Il fut surpris de voir entrer, sans aucune forme d'annonce, une Elfe aux longs cheveux bruns défaits et aux yeux verts qu'il reconnut immédiatement.
"Amarthaina, entrez je vous en prie"
Tout deux s'inclinèrent révérencieusement.
"Je pensais trouver Indil…" La jeune Elfe se tenait dans l'embrasure de la porte, vêtue d'une robe en lin bleu foncé sans manches, donnant un aperçu sur un léger décolleté, ses cheveux tombant de part et d'autre de ses épaules.
"Elle ne devrait pas tarder. Que lui vouliez-vous?
- Juste la voir…"
Calenglin s'assit sur ce qui fut pendant longtemps la couche de celle qu'il aime. La pièce semble vivre comme si sa locataire y résidait encore de façon permanente, comme s'il ne s'était rien passé ces dernières décennies. Cependant une certaine inimitié semblait animé l'Elda.
"Peut-être puis-je lui transmettre un message?" demanda-t-il en connaissant parfaitement la réponse et en sachant que cette veine tentative était grossière et vouée à l'échec.
"Je vais l'attendre, je ne suis pas pressée." Cette réponse était teintée d'un air de défi.
Les deux Elfes se trouvaient dans la pièce et semblaient vouloir se battre pour en avoir le contrôle, tels des animaux se battant pour la domination d'un morceau de terre ou des peuples pour celle d'une ressource. Mais cette chambre n'est qu'une allégorie de ce pour quoi ils se battent réellement…
"Vous n'êtes pas obligée…
- Je sais ce que je veux tout de même!" répondit-elle en commençant à hausser la voix.
Calenglin répliqua sur le même ton: "Tout le monde sait ce que vous voulez!
- Personne ne demande votre avis! Il est insensé de ne pouvoir rendre visite à sa meilleure amie!
- 'Meilleure amie'!... Vous savez modérer votre langage" ironisa-t-il.
"Pardon?" demanda-t-elle, faussement surprise.
"Meilleure amie! Je ne sais pas si on peut vous considérer comme une meilleure amie étant donné que mon épouse passe bien plus de temps avec vous qu'avec moi!
- C'est vous qui le dites! De plus, souvenez-vous qu'Indil passait TOUT son temps avec moi avant qu'elle ne vous rencontre! Et maintenant elle est partie avec vous…
- Nous nous aimons, il est normal que deux êtres qui s'aiment passent quelques moments ensembles si ce n'est tous leurs moments…
- Vous me l'avez volée!" Une larme commença à perler le long de sa joue.
"Je n'ai forcé personne! Nous nous sommes plus, un point c'est tout! Si vous ne supportez pas cela, vous pouvez partir…
- Cela vous ferait bien trop plaisir!
- N'exagérons rien."
Amarthaina ne préféra rien répondre.
Soudain, une jeune Elfe blonde aux yeux bleus entra dans la chambre. Calenglin se leva d'un seul coup et se dirigea vers elle en passant à côté d'Amarthaina, affichant un sourire radieux et ouvrant les bras pour l'embrasser.
"Ah! Mon amour, te voilà enfin!
- Je n'ai pas été trop longue chéri?
- Non…
- Ama? Que fais-tu ici?" demanda-t-elle.
Amarthaina se retourna vers Indileledh et dit en baissant la tête et en parlant doucement:
"Je voulais juste te voir…
- C'est une heureuse surprise! Mais nous voulions aller nous promener avec Calenglin. Il m'attendait pendant que j'allais prévenir quelques personnes.
- Ce n'est pas grave" répondit-elle amèrement.
"Passez un bon moment ensemble…
- Je passerai te voir tout à l'heure Ama" dit-elle avec un sourire se voulant réconfortant.
Calenglin sembla s'impatienter: "Y allons-nous?
- Oui allons-y chéri. A tout à l'heure Ama!
- A tout à l'heure…
- Et arrête d'être triste comme ça, je te dis que je passerai te voir.
- Oui…"
Le couple s'en alla, laissant Amarthaina seule à l'entrée de la chambre. La solitude et la détresse qu'on put lire sur son visage n'étaient pas feintes…