La bête était là, Léandra l’observait. Elle savait qu’elle devait l’affronter et toute capitaine qu’elle était, elle avait peur. Son cœur battait vite dans sa poitrine et sa main tremblait un peu sur la garde de son épée accrochée dans son dos. Elle s’approcha, doucement, silencieusement, pour essayer de ne pas se faire remarquer. Elle ne la quittait pas du regard. Soudain la créature dressa l’oreille et tourna sa gueule terrifiante vers elle. Ses yeux injectés de sang et de haine se posèrent dans les siens. La jeune femme recula d’un pas, prête à renoncer. Mais elle reprit vite son sang froid. Elle ne pouvait pas laisser sa peur vaincre. Elle avança de deux pas supplémentaires, guettant tout signe qui pourrait trahir le fait que la bête charge. Elle resta immobile, seules ses oreilles bougeaient un peu. Léandra continua à avancer très lentement. L’animal secouait parfois sa large gueule qui pouvait vous broyer en deux. Enfin elle fut à sa portée, sa main droite toujours sur la garde de son arme, elle tendit la gauche vers la bête. Elle sursauta quand la chose approcha un peu d’elle. Elle frôla du bout des doigts son encolure. Il lui fallut quelques minutes pour oser s’approcher un peu plus. L’animal semblait paisible et inoffensif mais elle savait que c’était trompeur. Elle caressa un peu la large encolure comme l’homme le lui avait conseillé.
Elle aurait voulu s’arrêter là, rebrousser chemin. Elle avait déjà fait un grand pas en avant. Elle ne voulait pas risquer d’avantage sa vie dans cet affrontement terriblement risqué. Pourtant il fallait qu’elle le fasse, qu’elle aille jusqu’au bout, au péril de sa vie. Elle lâcha à regret la garde de l’épée, prête à la dégainer au moindre mouvement hostile de la créature. Elle s’accrocha à son cou fermement, en faisant tout de même attention de ne pas le blesser. Un animal qui souffrait était d’autant plus dangereux. Avec un peu de maladresse, elle se hissa sur la selle en s’appuyant grâce à son pied sur l’étrier. Elle serra ses jambes sur les flancs, pas du tout à l’aise. Elle se cramponnait aux rênes mais le plus dur restait à faire, il fallait avancer. Avec toutes les précautions possibles elle imprima un léger mouvement en avant pour inviter la bête à marcher au pas. L’animal visiblement habitué à la monte obéit aussitôt. Ce n’était pas si terrible finalement. Elle n’était pas encore rassurée cependant. Après avoir trotter quelques bons mètres, elle fit accélérer l’allure. Son équilibre était un peu précaire mais elle restait en selle malgré tout. Durant de longues minutes elle chevaucha. L’animal l’apprivoisait et non l’inverse. Elle commençait à se sentir un peu plus en confiance. Pour finir de vaincre sa peur elle lança la monture au galop, se cramponnant un peu plus fermement. Elle redoutait plus que tout de se faire désarçonner. C’était une véritable hantise, ce qui l’avait jusque là empêcher d’apprendre l’équitation. Le cheval reprit une allure plus pondérée et elle le fit stopper. Elle en descendit doucement et le flatta comme pour le remercier. Elle repartit le cœur un peu plus léger. Plus rien à présent ne lui faisait peur, enfin presque plus.