HRP ON
Bonjour.
Certains parmi vous m'ont fait la remarque qu'ils avaient du mal à cerner la personnalité de Valentinia. qu'ils ne la comprenaient pas, et que parfois ses réactions leurs semblaient étranges, paradoxales, et extrèmes... limite bipolaires.
Alors, je vous ai fait ce petit BG qui vous aidera, j'espère, à mieux la comprendre. Ce récit n'est que la transcription de ce que j'avais en tête en créant Valentinia. Il n'a pas été fait pour la justifier. Il la précède. C'est sa génèse.
Il est volontairement elliptique, rapide, D'autres suivront, reprenant cette même période, mais avec une précision beaucoup plus grande, et aussi plus crue, et plus violente, puisqu'hélas, c'est ce qu'elle a vécu avant de vous rencontrer.
Bonne lecture.
HRP OFF
« Allez, viens, Uriel! On va faire la course! La dernière arrivée au chariot est une crotte de troll »
Elle riait, courant entre les arbres, devant sa jeune soeur, sous un soleil de plomb. Elle se retournait souvent, regardant sa cadette qui la suivait péniblement, de loin, ses petites jambes faisant un effort désespéré pour la rattraper.
« Attends moi! C'est pas juste, tu es partie trop vite... Tu as triché ! Attends moi »
La petite soeur était frêle. Agée de 8 ans, elle avait 3 ans de moins que son aînée.
Elles arrivaient en vue du chariot. La plus jeune des deux soeurs était toujours dernière, la poitrine brûlée par le manque de souffle. Sa grande soeur toujours en tête se retourna pour lui lancer:
« Allez, dépêche-toi, tu vas être la crotte de... »
Elle ne finit pas sa phrase; une flèche vint se figer dans sa joue, une autre dans sa gorge. Elle s'effondra sur le sol, dans un immonde gargouillis.
Sa soeur s'arrêta net. Elle hurla:
« VALENTINIA! »
La petite fille se précipita vers le corps inanimé de sa grande soeur. Elle prit son visage entre ses mains, l'embrassant, lui donnant de petites claques pour essayer de ramener de la vie dans les yeux morts. Ses grands yeux verts laissèrent échapper des larmes, et sa gorge un cri profond de douleur. Elle releva la tête, vers le chariot. Il était en feu. Elle se mit péniblement debout, prenant sa soeur par les poignet, et entreprit de la tirer vers l'incendie. Plus elle en approchait, plus elle entendait des cris, le bruit de combats. Elle pleurait toujours.
« Valentinia, réveille toi, sanglotait-elle, tirant toujours sa soeur inerte , Valentinia, je t'en prie... »
En s'approchant du chariot, elle se rendit compte de l'horreur de la situation. Il y avait beaucoup de cadavres. Elle aperçut son père, sa mère, tout deux avec au flanc une large tache de sang, le regard vide de vie. Elle entendit un du bruit derrière elle. Elle n'eut que le temps de se retourner, et d'apercevoir une face hideuse, levant une masse, et puis plus rien, le noir complet. Elle s'écroula sur le sol.
Elle repris enfin connaissance, longtemps après semblait-il; il faisait nuit. Elle ressentait une vive douleur à la tête. Le coup sans aucun doute. Elle essaya de se relever, mais elle sentit aussitôt une gêne au niveau du coup, des poignets, et des chevilles. Elle baissa le regard: elle était entravée par de lourds fers. Elle se mit à pleurer, encore. Elle se laissa aller sur le côté, cherchant du réconfort auprès de la personne qu'elle sentait à sa droite, se blottissant tout contre, posant sa tête, les yeux fermés, perlant de larmes, sur la poitrine de son voisin. Quelque chose la perturba, mais elle ne put déterminer tout de suite ce que c'était. De fatigue, elle s'endormit, rassurée par cette présence.
Uriel se réveilla un peu plus tard. Elle avait compris ce qui la perturbait: elle n'entendait pas de battements de coeur. Elle rouvrit les yeux, doucement, la lumière du jour levant éclairait faiblement le campement. Face à elle, sur le flanc de son voisin, elle vit une large tache brune. Elle se redressa. Un nouveau cri sortit de sa gorge: elle avait passé la nuit blottie contre le corps sans vie de sa mère. Elle se redressa d'un bon, regarda autour d'elle. Elle était assise appuyée à une roche, et où qu'elle posa son regard, elle était entourée de cadavres, ceux de ses parents, de sa soeur, et de tout ceux du convoi avec lequel sa famille partait pour Esteldin.
Une ombre au-dessus d'elle, puis une voix rauque, inarticulée, et qu'elle ne comprenait pas la fit se figer. Son regard se leva, et tomba sur un visage grimaçant, aux yeux sombres, un être immense, musclé, laid, et sentant fort, un orque. Le monstre se remit à parler, mais elle ne le comprit toujours pas. Elle savait, malgré son jeune âge, que ces êtres malfaisant avaient leur propre langue, qu'ils n'utilisaient pas le langage commun, mais une sorte de dialecte inventé par leur Maître, le Noir Parlé. Et elle découvrit très vite qu'ils étaient brutaux; l'orque lui décocha un coup de pied dans les côtes. Elle ne retint pas un cri de douleur. Il la prit par le bras, et la redressa d'un geste rapide, sec, et sans ménagement. Il l'entraîna de force vers un groupe d'humains, tous enchaînés. Elle se retournait sans cesse vers les corps des siens. Un autre orque s'approcha des corps de sa famille. Il les entassa sans soin, versa dessus une huile noirâtre, et y mit le feu.
«VALENTINIA! »
La jeune fille hurlait, essayant de se dégager de la solide poigne du monstre qui l'emportait.
« VALENTINIA! »
Ce furent ces derniers mots.
Elle fut emmenée loin, loin à l'est, marchant des jours et des jours, parfois même de nuit. Une marche forcée, avec de trop courts répits laissés par la troupe de monstres. Le convoi d'humains enchaînés grossissait de jours en jours, malgré ceux qui mourraient en route, alimenté par des raids sur des villages, ou par d'autres convois qui le rejoignaient. La marche forcée dura, encore et encore. Jusqu'à ce que le convoi, immense maintenant, fut en vue de Carchost et Narchost, les Tours encadrant la Morannon. L'imposante silhouette de l'Orodruin domininait l'ensemble, crachant sa fumée noire.
La première nuit qu'elle passa au delà de Cirith Gorgor fut abominable. Elle avait été jetée au fond d'une caverne, où étaient entassés des centaines d'humains, les uns sur les autres. Des pleurs, des cris, des gémissements, le froid, la faim, la douleur des coups reçus, mais pire encore, la peur l'empêchaient de dormir. Cette nuit là, comme toutes les nuits suivantes, de nouveaux arrivant découvraient l'horreur de ces lieux. Cette nuit là, comme toutes les suivantes, des malheureux étaient emmenés par les orques. On ne les revoyaient jamais. Nul ne savait ce qu'il en advenait.
Les années passèrent, sous les coups, les humiliations, les fers lui mettant la chair à nue, le travail la fatigant, la peur et les mauvais traitements l'enfermant chaque jour un peu plus dans son mutisme. Elle ne pouvait compter sur personne parmi ses compagnons d'infortune; chacun essayait de survivre du mieux qu'il pouvait. Par la force des choses, par instinct de survie,par nécessité, plus que par curiosité, la langue des monstres lui devint familière. Elle la comprenait, mieux, elle pouvait la parler. Cela lui évitait de nombreux coups. Pas assez hélas.
Et puis un jour, de nombreuses années plus tard, Uriel fut sortie sans ménagement de sa caverne. On fixa ses chaînes à une autre, plus grosse encore, à laquelle des dizaines d'autres personnes furent aussi attachées. Elle comprit. Son sort était joué. On ne le reverrait plus. Le groupe sortit du Mordor. Pendant quelques jours, la marche fut soutenue. Elle essayait de trouver le moyen d'échapper au funeste sort qu'elle pensait subir. Elle se laissa tomber au sol, comme morte. Les orques ne s'occupèrent pas plus que ça d'elle, la détachant simplement du convoi, afin d'éviter de ralentir la marche; après tout, c'est à la mort qu'ils menaient tout le monde, que certains meurent en route n'étaient pas plus gênant que ça.
Uriel attendit d'être sûre que le convoi se fut éloigné pour sortir de son immobilité. Elle était débarrassée de ses fers, libre, mais seule, perdue, affamée et faible. Elle essaya de trouver comme elle pouvait de quoi se nourrir. Après quelques heures de marche difficile, elle arriva prêt d'une rivière. Elle décida d'en suivre la rive. Elle arriva en vue d'une grande cité, à cheval sur la rivière. C'était Osgiliath.
En approchant de la ville, sa route croisa celle d'un voyageur. Il s'approcha d'elle, mais elle était craintive. Elle gardait ses distances. L'homme lui parlait doucement, gentiment, essayant de connaître son nom, mais elle ne répondait pas, restait sur ses gardes. Il lui indiqua qu'il habitait une ferme, un peu plus loin, et qu'il déposerait pour elle de quoi manger dans une grange, où elle pourrait dormir, puisqu'elle refusait tout contact. Uriel ne répondait toujours pas, mais elle suivit l'homme de loin, jusqu'à sa demeure. A bonne distance, elle attendit la nuit, et se rendit dans la grange, profiter du repas, et d'un endroit sec et à l'abri ou passer la nuit. Elle répéta le manège pendant plusieurs jours, le temps de reprendre des forces. Et puis elle décida un beau matin de rentrer chez elle, à l'ouest, dans la région de Bree, à Archet. Elle se mit en route, seule, évitant au maximum les routes fréquentées, fuyant les villages et les villes, par peur.
Après trois longues semaines de voyage, elle arriva enfin à destination. Elle s'installa un peu à l'écart d'Archet, vivant de braconnage, de pêche, restant à l'écart le plus possible des autres villageois. Très vite elle eut la réputation d'être folle, simple d'esprit: elle ne parlait pas, elle était donc forcément idiote. Cependant, elle était belle, et bien des hommes du village seraient volontiers passé outre sa soit-disante simplicité, sa supposée folie pour peu qu'elle eut accepté de leur laisser profiter de ses charmes. Mais Uriel gardait ses distances. Alors on se moquait d'elle, on l'humiliait... Il arrivait même que des enfants lui jettent des pierres. Plus d'une fois, elle fut réveillée en pleine nuit par un bruit suspect; des hommes approchaient de sa petite cabane dans l'espoir de se saisir d'elle, et d'en profiter. Chaque fois, elle ne dû son salut qu'à une course à travers bois.
Et puis Archet fut attaquée. Archet a brûlé. Les pillards étaient partout. Deux d'entre eux réussirent à l'approcher, et à la saisir. Leurs intentions étaient claires. Uriel se débattit, mais ils étaient plus forts qu'elle. L'un deux réussit à déchirer sa tunique. Puis ils l'allongèrent de force sur le sol. Elle ne pouvait empêcher ce qui allait arriver. Ils riaient, elle pleurait. Ils étaient arrogants, elle suppliait du regard. Ils étaient violent, elle était fragile. Résignée, elle ferma les yeux.
Un cri lui vrilla les tympans et lui fit rouvrir les yeux. L'un des deux malfrats portait la main à sa gorge d'où sortait une lame ensanglantée. L'autre se retournait. Il n'eut que le temps d'apercevoir un être au regard ferme et fixe, au masque grimaçant sous la colère. Un bref éclat, une autre lame surgit de nulle part reflétant la lueur des flammes, et sa tête se détacha de son corps.
Le nouvel arrivant ne prit pas la peine de se présenter. D'un geste rapide il mit Uriel en travers de ses épaules, et l'emmena hors de danger. Il la laissa le temps d'aider les villageois et les soldats présents à repousser l'attaque des brigands. Quand il revint, toujours sans un mot, il l'installa sur son cheval. Ils galopèrent longtemps, vers Falathlalorn. Il la fit entrer dans une grande maison, et lui fit signe, toujours en silence de s'installer confortablement dans une chambre. Il lui apporta a manger et à boire, de nouveaux vêtements, et la laissa tranquille. D'épuisement, elle s'endormit.
Lors de son réveil, le lendemain, l'homme était là, toujours en armure, d'autres personnes se trouvaient dans la pièce. Il lui sourit, gentiment. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua que ce n'était pas un homme. C'était un Elfe. Un de ses êtres fabuleux. Les autres derrières lui aussi.
« Bonjour. Je suis Llestael, et voici mes amies Melwaen, et Andewen. Vous êtes ici en sécurité. Comment vous appelez vous? »
Uriel ne répondit pas. L'Elda, toujours souriant, insista. Alors, par reconnaissance pour son geste, elle articula:
« A ENN III IIIAAA »
« Pardon? »
Les Elfes se regardaient sans comprendre. Alors elle se leva, se dirigea vers la cheminée, et pris un morceau de bois un peu consumé. Avec le bout noirci, elle écrivit sur le sol:
VALENTINIA.