Des nouvelles de notre jeune blessé

Une décoction de thé rouge, dosé soigneusement, refroidissait doucement sur la petite table à proximité du lit, au Manoir des Ombres. Le regard tendu, Daemoth écarta délicatement les mèches brunes, puis épongea une nouvelle fois le front de Fanarwë. Il s’était enfin assoupi. Posant une main légère sur les tempes luisantes du jeune Guerrier, le Chasseur demeura grave et immobile quelques instant, hormis pour ses lèvres qui murmuraient quelques mots secrets de nature à chasser le mal. Peu à peu, la fièvre tombait.
Dame Melwaen avait déployé tout son art pour préserver la vie du jeune Elfe. La flèche gobeline avait été extraite avec précaution, examinée par dame Amarthaina elle-même, qui avait la meilleure expérience des poisons en usage chez les orques et autres êtres vils : un Fléau des Elfes, une flèche au bois court mais robuste d’Huorn noir du pays d’Angmar. Fanarwë avait eu de la chance de n’avoir été touché qu’à l’avant-bras ; la blessure était laide, mais peu profonde, et l’art de la Guide des Ombres en avait supprimé l’infection.
Le regard du Chasseur tomba sur le médaillon au cou du jeune blessé : une feuille noire en forme de flèche, sur un cercle de fer où les runes elfiques dessinaient un prénom : Edellas.
Les souvenirs affluèrent aussitôt…

« …Des flèches noires sifflaient et ricochaient sur les pierres cendreuses de Dagorlad. C’était un jour de sang : toutes les créatures des Terres du Milieu s’étaient rangées dans le camp de la dernière Alliance ou dans celui de Sauron, et se battaient avec acharnement. Des aigles affrontaient des myriades de chauve-souris dans le ciel noir, des ours déchiraient des loups dans les forêts, des êtres inconnus livraient bataille à d’affreuses monstruosités sous la terre. Les Nains de Durïn combattaient au côté de l’Alliance, mais d’autres nains étranges aidaient les Gobelins et leur avait fourni des armes. Les Humains tuaient les Humains.
Tous les orques se battaient du côté du Mal, tous les Elfes se battaient du côté du Bien.
Pourtant, les Elfes ne suivaient pas tous le même Roi. Gil-Galad et Amdir, Seigneur de Lothlorien, marchaient ensemble ; mais Oropher de Mirkwood, dans sa fierté, avait établi ses forces bien en avant de celles de l’Alliance, sur une colline qui lui avait paru sûre. Le piège avait été placé avec art, et la ruse de Sauron avait parfaitement fonctionné : nos archers avaient pris position parmi les rochers, confiant en la portée et la force de leurs arcs pour tenir l’ennemi à distance. Et longtemps, sous le commandement de Thranduil notre Prince (le père de Legolas), nous repoussâmes vague après vague les hordes d’orques et de loups. Nous étions cinq milliers, la plus grande armée des Elfes à l’Est de l’Anduin, grands archers de la Forêt Noire ; mais lorsque chacun de nous eut tué quarante ennemis ou davantage, les orques encerclèrent notre position et nous submergèrent. En vain Thranduil chercha t-il à convaincre son orgueilleux père avant qu’il ne fut trop tard ; et au corps à corps, nos armures de cuir et nos poignards ne furent pas de taille face aux haches et aux cottes de mailles noires de nos ennemis.
Edellas était mon ami, je me souviens de lui : grand, les cheveux noirs comme ceux d’un Noldo. Pourtant je crois que ses ancêtres étaient des Elfes de la Nuit. Mais son cœur était empli de lumière, on l’appelait Ami-des-Hommes car il ne méprisait pas les Humains. Peu avant Dagorlad lui était né une petite fille, prénommée Niphredil, la fleur blanche des forêts Elfiques. Nous étions tous les deux membres des Archers Noirs, la Garde du Prince. Lorsque tout fut perdu, Oropher comprit sa faute et se repentit, mais trop tard. Ecoutant enfin son fils il ordonna la retraite et nous nous taillâmes un chemin sanglant au milieu de la masse de nos ennemis, dans un ultime effort pour rejoindre les forces de l’Alliance qui combattaient à plus d’un mille de là.
En fait, nous l’ignorions, mais nombre des Elfes de Gil-Galad et d’Amdir, beaucoup de Dùnedains aussi, avaient perçu notre détresse et s’efforçaient de nous porter secours, mais d’infects Trolls des Montagnes Noires les séparaient de notre armée.
Pourtant en ce jour, notre valeur fut à la mesure de notre orgueil. Beaucoup tombèrent, et nous fûmes tous blessés, et Oropher notre Roi donna sa vie pour sauver celle de son fils ; mais à la toute fin, un assaut mené par Isildur écrasa les Trolls, et les Archers à cheval d’Amdir chargèrent les orques de Morgul qui nous enserraient : les lances saphir et les flèches blanches de la Lorien percèrent leurs rangs, et notre retraite devint un assaut. Le sol se couvrit de tant de cadavres d’orques, que certains des nôtres prirent pitié et laissèrent quelques-uns s’enfuir : un noble geste, qui trouva sa récompense. Car avant d’être massacrés par leurs propres armées, les fuyards semèrent la panique et le désordre chez nos ennemis.

Ce fut en cette heure où s’inversait la marée de la bataille, qu’un trait funeste vola sur la plaine de cendre et de sang : et mon ami tomba, fauché comme un jeune arbre sous un trait de foudre.

Je restai sourd au hurlement de la bataille alentours, et je ne vis ni les ultimes efforts des horribles Nazgûls chargeant les Dùnedains avec les hordes de Rhûn et de Harad, ni leur défaite écrasante lorsque les cavaliers de Gil-Galad et l’Epée d’Elendil les prirent entre le marteau et l’enclume, ni même la mort d’Amdir seigneur de la Lorien, en pleine gloire. Nous avions la victoire, mais elle était amère.
Après la bataille, lorsque nous donnâmes une sépulture à nos camarades tombés, les Elfes de Mirkwood avaient perdu deux guerriers sur trois, et leur Roi.
Je déposai sur la tombe d’Edellas la fleur de Niphredil qui ne le quittait pas, la seule sur toute la plaine de Dagorlad, mais je gardai, et devais plus tard rapporter aux siens, un médaillon de fer orné d’une feuille noire… »

Daemoth revint au temps présent. Sur le lit, un jeune Elfe s’agitait doucement dans son sommeil, murmurant un nom. De nouveau, le Chasseur le rassura, puis le contempla. C’était le même visage, les mêmes cheveux noirs. Simplement son front, ses mains avaient une sorte de grâce lumineuse, une pâleur fragile qui rappelaient une fleur.

Le néant, la douleur.....
Cette blessure à l'avant bras , une flèche empiosonnée de gobelins l'avait fortement diminué.
Il se souvient encore de ce combat acharné et de sa fuite face à ses nombreux ennemis , trop nombreux pour lui même et ce même si sa formation de combattant lui avait appris a être plein de ressources.
Il maudissa ces gobelins, ces créatures qu'il connaissait bien mais ceux-là pourtant , ayant comme emblême un oeil noir , il ne les connaissait pas, plus agiles, plus fort et plus astucieux.
Ce fût lors, de cette fuite éperdue qu'il recut cette flèche noire.
Plusieurs jours durant il tint bon, essayant de faire fi de la douleur , ayant en mémoire son grand père Edellas, le sceau de ce dernier alors qu'il faisait parti des archers noirs , enfoui sous son armure .
Retrouver un certain Daemoth, voila son but, il voualit tant apprendre de son parent et seul ce fameux Daemoth pourrait le renseigner.

Au bout de 9 jours il arriva enfin aux portes des Résidences de Falathlorn, lieu de résidence de ce fameux Daemoth et des siens.
La douleur était devenue insoutenable et réunissant ces dernières forces , il arriva près d'un pont au bout duquel il pût apercevoir une petite assemblée de combattant, puis plus rien le noir.....
Il s'écroula , le poison ayant fait son effet et lui ayant retiré ces dernières forces, dasn un dernier effort il serra contre lui le sceau de son grand père......

Voila maintenant 4 lunes que ces événements ce sont déroulés, 4 lunes que Fanarwë s'était écroulé , blessé, meurtri.....
Toujours inconscient , à son chevet , plusieures ombres se relayant, dont le fameux Daemoth, la guide de ces derniers Dame Melwaen, et une chasseuse sauvage Amarthaina....

Neyge était sur le pas de la porte. Elle n'osait entrer de peur de réveiller le jeune elfe qui était couché.

L'envie ne lui manquait pas, pourtant.

Mais Amy lui avait dit : "N'entre pas ! il se repose. Mel et moi l'avons soigné et Daemoth veille sur lui".

Alors, elle était là, avec son plateau où elle avait déposé muffins et lait de Carolyne. Peut-être que le jeune elfe allait se réveiller et qu'il aurait faim. Elle déposa le tout sur la table à côté de la porte et répartit sur la pointe des pieds.

Elle reviendrait...

Assis dans un fauteuil d'érable au bois rouge vif, dans la salle attenante à la chambre de l'elfe blessé, Thuranor salua Neyge d'un mouvement de la tête, souriant à la vue des muffins qu'elle avait préparé la matinée durant, encensant de leur fumet fruité les couloirs du manoir.

-"Ne soyez pas inquiète ma Soeur, grâce aux bons soins que Dame Melwaen lui a prodigués, Fanarwë reprend des forces, j'ai lu le soulagement dans le regard de Daemoth.
Je suis certain que dès qu'il aura goûté à vos patisseries, il sera d'autant plus vite sur pieds."

Voyant que son ami elfe n'était pas plus rassurée, il tenta un trait d'humour et, fronçant les sourcils, un air faussement menaçant:

-"Rassurez vous je vais garder farouchement ce plateau et les hobbits devront me passer sur le corps pour en dérober le contenu!"

Elle sourit, peut-être par politesse, mais elle sourit...

C'était un matin printanier, net et neuf, empli de soleil et de fraîcheur. Un matin plein de parfums et de promesses.

Le jeune blessé avait ouvert les yeux, et quoique Dame Melwaen et Amarthaina lui eurent prescrit le repos et le calme, il avait pu en quelques phrases compléter un premier récit incohérent, entrecoupé de crises fièvreuses dues au poison : Fanarwë appartenait au corps des Lames d'Argent, les héritiers de la Garde des Archers Noirs décimés à Dagorlad. Leur Capitaine n'était autre que le Prince Legolas, fils de Thranduil, à présent roi de Mirkwood. Dans ce même corps servait Erënor, neveu de Daemoth (et pratiquement sa seule famille) avec qui Fanarwë s'était lié d'une grande amitié.

Mais l'Ombre avançait sur les terres à l'est de l'Anduin, et dans leur crainte les Elfes de Mirkwood avaient dépêché le Prince Legolas lui-même vers Rivendell, auprès de Maître Elrond.
A présent le Prince suivait avec huit Compagnons des chemins secrets, affrontant de grands périls ; mais Thranduil son père, privé de nouvelles, avait envoyé un messager pour s’enquérir du sort de son fils.
Ce messager, blessé, se remettait lentement dans les appartements de la Confrérie.
Daemoth contempla pensivement les arbres parfumés dans les jardins du Manoir, leurs branches couvertes de fleurs roses et blanches, porteurs de tant de promesses. Comment Dame Melwaen expliquerait-elle au jeune blessé que sa mission ne pouvait trouver d’issue autre que le secret le plus absolu ?… Au fil de sa fièvre, Fanarwë avait décrit quels périls les Elfes de Mirkwood affrontaient au cœur de leur forêt. Des choses mauvaises, venues des cachots de Dol Guldur au sud, menaçaient autant Thranduil que les Hommes établis dans les vallées alentours : Trolls noirs, Gobelins versés dans la connaissance des bois, Wargs démoniaques, Araignées monstrueuses de l’immonde race d’ Ungol…
Faudrait-il renvoyer ce jeune messager, quand bien même il survivrait au voyage du retour, avec pour toute réponse : « Nous ne pouvons rien dire, mais tenez bon » ?…

…Mais le moment d’en décider n’était pas encore venu. Fanarwë pouvait se lever quelques heures chaque jour, son corps encore jeune et vigoureux se remettait rapidement.
Daemoth l’accompagna dans le Salon de la Confrérie. Sur le pas de la porte, son ami Thuranor, Capitaine du Gondor, complimentait à juste titre la savoureuse cuisine d’une Dame Neyge rougissante. Le Chasseur attrapa au vol une petite tourte que sire Pendard voulait « juste tester pour en vérifier la qualité ». En bas, Dame Melwaen et la vaillante Amarthaina rentraient justement d’une expédition dangereuse dans les mines de la Moria ; et dans les jardins, on entendait Hyolendas et Atanys rire de leur bonheur prochain.

Oui, le matin de Printemps était plein de promesses ; et au milieu des parfums et des rires, les amis réunis et le jeune blessé testèrent joyeusement la qualité des tourtes de Dame Neyge. Avril s'achevait, et en Mai l'on est souvent insouciant...

p.s irl: je m'absente jusqu'à Jeudi soir. Bonne Chasse à vous les Ombres.

Affectueusement,

D.

Melwaen vint comme chaque jour s'enquérir de leur blessé. Il se rétablissait vite, la nature même des Elfes est plus résistante que celle des Hommes. Elle continuait cependant à réciter quelques incantations et à apporter un onguent fabriqué à base de plantes médicinales que lui avaient enseigné leurs amies du Rind Nestad. Elle était soulagée de voir que l'elda n'était plus en danger car il fallait bien l'avouer à présent, elle avait grandement craint pour sa survie. Le poison avait longuement agi dans son organisme et il était puissant. Heureusement avec les connaissances d'Amy dans ce domaine, elles avaient pu le soigner au mieux.

Fanarwë avait trouvé dans leur maison bien des protecteurs. Chaque Ombre demandait régulièrement de ses nouvelles, certains venaient lui rendre visite ou profitaient tout bonnement d'une de ses promenades pour bavarder un peu avec lui. Neyge et Andewen lui mitonnaient de bons petits plats pour qu'il recouvre des forces. Et les jeunes hobbits, Kamillia, Klamédia et Pendard, profitaient largement de l'occasion pour déguster la cuisine elfique.

Elle trouva comme bien souvent, Daemoth et le descendant de son ami assis sur un banc dans le jardin, à discuter. Elle n'osa pas les déranger et se contenta de leur adresser un sourire avant de repartir vers son bureau où quotidiennement de nombreuses tâches l'attendaient.

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