Lever de soleil sur les Montagnes Bleues

Aujourd'hui, je me suis levé tôt. Comme tant d'autres jours. L'air est froid, comme toujours. Mes expirations deviennent brume dès qu'elles ont quitté mes lèvres. Ici, dans les Montagnes Bleues, il y a toujours de la neige. Je regarde le ciel, la voute nocturne, devrais-je dire. Les dernières étoiles disparaissent, laissant la place à une obscurité qui n'est pas effrayante. Non que j'ai peur du noir, non! Nous autres nains, ne craignont pas les obscurités, quelqu'elles soient, où qu'elles soient. Mais je dois admettre qu'en ces temps, l'obscurité est souvent devenue refuge, et amie pour les Forces de l'Ombre. Enfin, à cette heure, ce n'est pas le cas. Ce manteau noir qui nous recouvre ne devient plus que transparence. Lentement, lentement, les couleurs de la nature, cachées toute la nuit, apparaissent petit à petit. Tout un coup ça y est, le voilà! Ses premiers rayons transpercent le ciel, balaient l'obscurité. Lorsqu'enfin ils me touchent, le froid qui m'enveloppait se dissipe. Mes yeux me piquent. Je ne peux le regarder en face. Pourtant, je suis fier, et heureux, d'être là. Bientôt ce sont toutes les ombres bleues de la montagne qui disparaissent, poussées à leur tour vers quels coins obscurs. Il est temps de se mettre au travail.

Nous, les fils d'Aüle, les fils de la Terre, ne craignont pas le soleil. Nous sommes aussi des enfant de ce monde. Pourquoi faut-il alors qu'il reste si peu d'entre nous? Mon devoir me pèse. Comment faire comprendre à mon père, à mes frères que je dois partir, risquer ma vie sur les chemins, alors qu'il ya tant de belles et bonnes choses à faire ici? Bien sûr, ils étaient fiers de moi, fier de mon talent à lire les runes, ces inscriptions magiques et merveilleuses. Mais ils ne peuvent pas comprendre que le destin n'est pas écrit par nous, ou ne le veulent pas. Peu d'entre vous voit l'espoir lorsqu'on leur annonce la mort de ces valeureux champions qui sont partis pour défendre la cause, loin, loin, loin de nous. Encore un qui disparaît. Encore un nain de moins. Pourtant il reste de l'espoir. Mais je ne sais plus comment leur redonner cette flamme. Même mes talents ne leur paraissent qu'illusions, feux d'artifices, inutiles manifestations que le pouvoir de la race des Khazad n'est pas disparu. Qu'il peut encore influer sur le cours des choses. C'est pourquoi c'est dit. Je partirais et le plus tôt sera le mieux. En fait, ce sera pour aujourd'hui. Il n'y aura pas de longues heures passées dans les grandes salles magnifiques du Palais de Thorin, avec mes maîtres, et mes compagnons. Il n'y aura plus, non plus, de patrouilles avec mes amis de la garde. Mon paquetage est fait. Je vais me glisser dans ce monde, qui me semble parfois si grand. Les runes m'ont données quelques indications où aller. Tout ceci n'est pas très clair: "Les ombres chantent, dansent, murmurent et s'agitent sur la Terre du milieu. Le destin de notre temps sera décidé avec elles. Tout ce qui vit sous le soleil en dépend". Qu'est ce que ça veut dire? Que notre avenir sera décidé par l'Ombre qui grandit à l'Est? Je ne comprends plus. Je n'ai plus aucun autre signe. Plus rien, chez moi, ne peut m'aider, semble t'il. Alors, je pars, chercher de l'aide, ou des réponses.