Les belles histoires de Tonton Gharic : Les Silmarils

Ce matin là, Gharic s'était levé de bonne heure.

La veille il avait effectué un long périple pour aller étudier dans la grande bibliothèque du Roi Elrond, en Imladris.
Il projetait de poursuivre l'édification de ses petits protégés avec de belles légendes.

Les silmarils étaient de fantastiques symboles, mais il craignait de perdre le fil de son récit par l'accumulation de trop noombreux personnages. Si lui s'en serait souvenu, il se souciait de la compréhension de son histoire par de jeunes enfants, dont la disposition d'esprit ne s'y prêtait guère.

Il passa ainsi la matinée à revoir ses notes, griffonées à la hâte sur de vieux parchemins sentant quelque peu la bière, sa gourde de Barbe de Bombur ayant fui pendant le voyage de retour.
Après un frugal repas, il quitta son domicile du quartier de Lièvrepré pour se rendre à l'orphelinat de Grand Cave.

Il y fut chaudement accueilli, comme souvent, par les enfants, les uns quémandant carresses et sourires, les autres se souciant plus du vieil Alric, le poney de Bree qui accompagnait le nain en toutes circonstances.
Les enfants rentrèrent en silence dans la grande et unique salle de classe, laissant l'invité du jour poser ses affaires et saluer l"enseignante de façon chaleureuse.

Les dernières chaises râclèrent les lourdes dalles de pierre de la salle alors que les enfants s'installaient confortablement.

Le ménestrel se passa du cérémonial de l'étagère et déclara à la cantonnade..

Qui a déjà entendu parler des... Silmarils?...

Un silence édifiant fit écho à la question. Le nain savoura cette ignorance comme la promesse d'un auditoire qu'il allait lui falloir captiver.

Personne?... Fort bien, alors je vais vous en dire quelques mots et il faudra bien vous en souvenir pour une prochaine fois... Les Silmarils, les enfants, sont les plus fabuleux joyaux, les plus belles pierres précieuses que notre monde ait jamais connu. Elles sont au nombre de trois et furent crées par un certain Fëanor.

Fëanor, un elfe de Valinor, était le fils de Finwë et de Miriel. Il était un linguiste émérite et un artisan forgeron très doué.

En Valinor, la terre des Valar, il existait deux arbres majestueux. Telperion, le blanc, et Laurelin, le doré.
Telperion représentait la lune, alors que Laurelin incarnait le soleil.

Gharic, tout en racontant l'histoire aux enfants, dessina sur le tableau, les deux arbres mythiques, complétant les détails au fil du récit.

Ces deux arbres, magiques, diffusaient une lumière à tour de rôle. Ils étaient la source de lumière de Valinor, et leur repère pour le temps qui passe. Donc très précieux.



Fëanor, donc, pensant qu'il serait bon de préserver cette lumière indispensable s'il arrivait quelque chose aux arbres... si précieux, forgea trois pierres d'une immense pureté et renfermant la lumière des deux arbres. Ainsi fut protégée la source de lumière de Valinor.

Apparaît alors un autre personnage, Melkor, aussi appelé ensuite Morgoth par Fëanor, qui désira les trois pierres pour lui-même. Melkor était un Valar, mais un méchant, très méchant. Il prépara un plan avec Ungoliant, une grosse araignée qui vivait dans des ténèbres. Avec son aide, ils attaquèrent les deux arbres de Valinor et Ungoliant les mordit et les empoisonna. Melkor vola alors les Silmarils à Fëanor.

Fëanor essaya de reprendre les Silmarils à Morgoth, mais mourut en combattant des orques et des balrogs, de puissantes créatures de feu.

Heureusement, Fëanor avait plusieurs fils, qui se promirent de terminer la tâche de leur papa.

A la fin de la Guerre de la Grande Colère, où les Valar triomphèrent enfin de l'odieux et méchant Morgoth, les silmarils furent retrouvés. Enfin, seulement deux sur les trois.

Et ce sont les fils de Fëanor qui les volèrent, pour honorer leur promesse à leur père.

Le premier, Maedhros, se jeta dans la lave d'un volcan avec sa pierre, alors que le second, Maglor, la jeta loin dans la mer et pleura le reste de sa vie la perte d'un tel bien... si précieux...

Voilà, les enfants... Si jamais quelqu'un vous parle au jour des Silmarils, vous saurez de quoi il s'agit et de ce qui leur est advenu.

Si les plus petits émergèrent d'un sommeil digestif, les plus grands, comme toujours, résistaient à l'appel de la sieste dès que des combats se profilaient dans les récits du ménestrel.
Certains, non rassasiés de rêves pour le soir réclamèrent davantage de détails sur les protagonistes de l'histoire. Si Gharic avait déjà vu des Valar, si Morgoth était vraiment mort, s'il avait un lien avec le Noir Seigneur de Barad Dûr.

Le nain les rassura sur ses connaissances et ses relations. Certains en furent déçus, mais oublièrent bine vite, lorsqu'une gamine les bouscula et demanda au ménestrel.

Tonton Gharic, tu as dit qu'il y avait trois Silmarils. Il est où le troisième?

Le nain s'abaissa jusqu'à croiser le regard de la jeune hobbite.

Le troisième? Eh bien je reviendrai pour vous en parler la prochaine fois...