Acte III : L'ombre du passé

Pelarthelion termina les dernières notes d'une ballade mélancolique. Il se sentait affamé, combien de temps avait-t-il joué de la luth? Il ne le savais pas trop mais les rayons du soleil étaient déjà haut dans le ciel de la Lorien. Les derniers épicuriens se levèrent, la fête avait été belle même si quelques Galadhrims avaient abusés de la boisson. Ils semblaient cependant n'avoir aucune séquelle de leur soirée. Le vin de la Lorien aurait-il des propriétés magiques? Hadhelen, une des cuisinière de la fête invita Pelarthelion à sa table à partager son petit déjeuner.

Pelarthelion passa la journée seul près de l'Anduin à pêcher ou jouer de la luth. A la nuit tombée, il se joignit à la table de quelques étrangers, des Hommes et des Nains, venus chercher conseil ou refuge en Lorien. A peine finissaient-ils de se restaurer qu'un messager de Caras Galadhon s'approcha d'eux, la Dame de Lorien désirait lui parler. Etonné, et un peu anxieux, Pelarthelion suivit l'ELfe et passa les porte de la cité. Les arbres sont grands dans la Forêt d'Or, mais les mallornes de Caras Galadhon sont gigantesques. Plus grands que nombre de tours construites par les Hommes d'Antan. Il n'y a pas d'habitation au sol, toutes sont en hauteurs. Partout les échelles et les escaliers en colimaçon permettaient l'accès aux étages. La rampe qui mène à la maison de Celeborn, vers laquelle l'amène le messager, serpente autour du plus grand des mallornes. La maison paraissait simple mais incroyablement élégante et construite en parfaite harmonie autour de l'arbre. Arrivés sur le plateau, le messager fit signe à Pelarthelion d'attendre tandis qu'il disparaissait dans la demeure. C'est alors qu'il entendit dans sa tête une voix féminine, légère et profonde, douce et puissante :

"Bienvenue en Lothlorien Pelarthelion, fils du Gondor, dont le sang est maudit!"

Sa tête explosa de douleur, la migraine qui s'était évanouie revint avec force puis de nouveau disparu. Pelarthelion tomba à genou, tremblant et tentant de reprendre son souffle. Le choc mental fut trop dur à supporter.

"Lèves toi, le sang des tiens est maudit, mais il a encore de la vaillance. Ne perds pas espoir, tu trouveras la force de combattre l'Ombre du Mordor. Maintenant, relèves-toi!"

Se remettant péniblement debout, Pelarthelion fut ébloui par une vive lumière blanche qui s'évanouie lentement, laissant apparaître une forme élancée. Galadriel apparu devant lui, la plus belle et majestueuse enfant des Premier Nés qu'abrite encore la Terre du Milieu*. Toujours sans écarter les lèvres, elle lui fit signe de la suivre.

"suis-moi!"

Pelarthelion suivit Galadriel dans les chemins de Caras Galadhon jusqu'à un beau jardin elfique nichant dans un creux aux pieds des arbres environnants, un ruisseau coulant entre les racines. La nuit claire et les lumières de lampes discrètes leur tracèrent un chemin jusqu'à un réceptacle d'argent, posé sur un socle en forme d'arbre, dans lequel Galadriel versa l'eau d'une source proche.**


- Voiçi le Miroir de Galadriel, dit-elle. Je vous ai amené içi pour vous permettre de regarder dedans, si vous le désirez... Désirez-vous regarder?

- Qui verrais-je, demanda timidement Pelarthelion, impressionné par sa présence en ce lieu.

- Il est bien des choses que je puis ordonner au Mirroir de révéler, répondit-elle, et à certains je peux montrer ce qu'ils désirent voir. Mais le miroir montrera aussi des choses non demandées, je ne saurais vous les dires. Car il montre des choses qui furent, des choses qui sont et des choses qui pourront encore être. Désirez-vous regarder?

Pelarthelion ne répondit pas tout de suite, hésitant entre la crainte et la curiosité.

- J'aimerais comprendre un rêve récent, j'aimerais... j'aimerais savoir d'où je viens, dit-il honteux.

- Regardez et vous verrez bien ce qui se présentera, dit la Dame avec un doux sourire.

Pelarthelion revit l'île engloutie par la fureur des éléments, mais il vit aussi une chose qui n'était pas dans son rêve. Neuf magnifiques vaisseaux qui faisaient voile vers l'est, vers la Terre du Milieu. La mer était en furie, pourtant rien ne semblait entraver leur route. Mais l'Offrande avait définivement était retirée et le Monde était en colère et les terres changèrent. Puis la vision changea elle aussi, alors il vit une nouvelle terre, il vit trois grands rois des hommes d'Antan, majestueux sur leurs trônes d'argent. Ils étaient grands, les cheveux longs et noirs comme l'ébène, la peau plus claire que le peuple sur lequel ils règnaient. C'est alors que Pelarthelion comprit qu'il voyait Elendil, ses fils, et leurs gens, les héritiers de Numenor. Ils fondèrent les royaumes d'Antan, l'Arnor et le Gondor. Ils les vit ériger de grandes cités, telles Minas Ithil et Minas Anor, de grandes tours comme Orthanc, de solides forteresses comme Fornost. Il vit aussi sept grosses pierres et une pousse de l'Arbre Blanc. Les Sauvages furent éduqués, de grands champs de blés et des vignes semés. De nouveau la vision changea, le ciel s'obscurcit et une ombre rougeoyante se leva à l'est. C'était Sauron, le Détesté, qui marchait de nouveau à la guerre contre les Elfes et les Hommes. La bataille se déroulait dans une immanse plaine, d'un côté une armée bien alignée, tenant ses rangs, de l'autre une horde ininterrompue se jetant sans cesse contre le mur des boucliers des Hommes et transpercés par les flèches des Elfes. Des rois tombèrent, Gil-Galad le dernier Grand Roi des Noldo, et Elendil, dernier Ami des Elfes. Sauron avait renversé le cours de la bataille, mais au moment où tout semblait perdu et alors qu'il s'appretait à tuer Isildur, ce dernier pris la lame brisée de Narsil et trancha les doigts de la main de son ennemi. Sauron perdit l'anneau de pouvoir. La vision changea à nouveau, il vit une maison perdue dans la campagne, assez grande pour être le manoir d'un seigneur ou d'un bourgeois de la campagne. Il vit des gens s'afférer à divers travaux des champs et de la ferme. Puis il y eu une pause, et ensuite suivirent plusieurs scènes rapides, et Pelarthelion savait qu'il assistait à la vie quotidienne d'une famille. L'Homme et la femme étaient grands et avaient le teint clair et les cheveux noirs. Au début, Pelarthelion cru se voir mais ce n'était pas lui, ce ne pouvait être lui. La femme se pencha vers lui en souriant doucement, elle chantait et le prit dans ses bras. Un enfant! Pelarthelion comprit qu'il se voyait avec les parents qu'il n'avaient jamais connu. Il voulu tendre la main vers sa mère mais Galadriel l'interrompit.

- Ne touchez pas à l'eau! dit doucement le Dame Galadriel.

La vision repris, il entendit des bruits qu'il connaissait, les échos d'une bataille, les râles des morts. Un homme couvert de sang et une hache de bûcheron à la main entra dans la pièce, il parla rapidement à la femme tenant l'enfant et à l'homme. Ce dernier prit une épée dans un coffre tandis que la femme placait le bébé dans un couffin. Ils sortirent tous les quatre de la maison et courraient comme le vent. Le serviteur s'écroula, une flèche avait transpercée la nuque et était sortie dans une gerbe de sang par la gorge. L'homme se retourna et fit signe à la femme de continuer à courrir et la vision se détourna de lui. La femme courru pendant des lieux et arriva près d'un fleuve. Là elle s'arrêta, ses yeux étaient incrédules, une flèche l'avait transpercée et atteint au coeur. Le couffin tomba dans l'eau, le bébé pleura. Pelarthelion tremblait de tous ses membres et la rage le pris au corps, il avait vu ses parents pour la première fois mais savait qu'ils avaient été tués. Il s'efforça de continuer à regarder dans le mirroir. Il faisait nuit, il se voyait dans une région qu'il connaissait bien, l'Ithilien. Joyeuse à la main, seul il tentait de combatre un Olog-Hai, un troll en armure, tandis qu'il voyait des visages connus faire retraite dans les bois, poursuivis pas quelques Orcs survivants. Le corps de nombreux ennemis gisaient au sol, mais le monstre était d'une autre nature. Pelarthelion feinta et esquiva tant qu'il pu, mais il finit par fatiguer et ne pu éviter le coup du troll qui l'envoya s'écraser contre un arbre.

La vision s'évanouit, et Pelarthelion se trouva en train de contempler les fraiches étoiles qui scintillaient dans le réceptacle d'argent. Il recula, tremblant de tous ses membres, et il regarda la Dame.

- Je sais ce que vous avez vu, dit-elle, car c'est également dans mon esprit. N'ayez pas de crainte! Vous trouverez en vous la force nécessaire pour accomplir votre destinée.

- Merci Dame Galadriel, répondit simplement Pelarthelion, étant encore en état de choc et ne trouvant d'autres mots.

- Rentrons, dit-elle d'un sourire entendu. Il vous faut reposer, car demain vous devrez partir. Maintenant que vous savez, les marées du destin montent et ne peuvent être arrêtées. Vous serez prêts.

Pelarthelion fut invité à prendre du repos dans un des pavillons destinés aux invités. Il était las et épuisé par l'expérience qu'il venait de vivre. Demain il prendrait la route et se dirigerait vers la trouée du Rohan.




Notes :

*Galadriel est aussi la plus belle de la maison de Finwë grand Roi des Noldo, elle est de la troisième génération, fille de Finarfin et d'Eärwen, née en l'an 1362 des Années des Arbres et donc la personne vivante la plus ancienne sur la Terre du Milieu. Elle a sans doute plus de 7000 ans au début du IVe Age quand elle quitte la TdM pour rejoindre Tol Eresseä puis le Pays d'Aman - continent où se trouve la contrée de Valinor - où résident les Valar, Maîar et les Elfes Calaquendi (Vanyar, Noldo(r) et Teleri). Avec Celeborn elle fonde le royaume d'Eregion au Deuxième Age, où furent forgés les anneaux de pouvoir par Celebrimbor. Le royaume est détruit par Sauron. Galadriel et Celeborn trouve refuge au royaume de Lorien, dirigé par Amroth qui disparu en recherchant sa promise, Nimrodel. Ils ne prennent pas le titre de Roi et de Reine, mais se considèrent plutôt comme des gouverneurs ou des protecteurs. A noter qu'après le décès d'Aragorn, Arwen vient à Cerin Amroth, s'allonge sur le sol et se laisse mourir.

**Je reprends une bonne partie de la discussion entre Galdriel, Sam et Frodon pour cette partie, veuillez m'en excusez mais il me fallait une bonne référence pour la faire parler de façon cohérente.



- Pelar -