Llestael, Chroniques d'une longue semaine sans Neyge.... la série complètée...

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Ca y est… Elle est partie. Neyge est partie voir sa grand-mère.

Llestael est retombé dans une sorte de mélancolie douce.

Il lui avait demandé de le retrouver un après midi, à Fondcombe, pour pouvoir lui parler. Elle lui avait répondu que ce jour là, elle avait un autre rendez vous important, mais qu’elle ferait tout pour honorer son invitation. Alors Llestael a parcouru Fondcombe en long en large et en travers, pour trouver l’endroit idéal pour accueillir celle qu’il désirait. Et il avait fini par trouver : au pied d’une petite cascade d’eau, un petit espace tranquille, masqué par des arbres, un petit cul de sac, sans passage, près de la dernière Maison Simple. De là, on pouvait voir une grande partie de la Vallée,
on pouvait admirer les falaises, écouter le clapotis de l’eau. Il était content de lui. Certes, le temps passait, et Neyge n’arrivait pas, certes un couple d’amoureux occupait depuis quelques temps le lieu repéré par Llestael. Mais il
avait confiance : Neyge n’allait pas tarder, et le couple allait partir, et ils seraient là, seuls, enfin, et il pourrait profiter pleinement des derniers instants avant son départ.

Il attendait, occupant son temps entre réflexion (que dire ? Comment le dire ?) et pêche. Et puis est arrivé un messager, portant une missive de son aimée.

" Cher Llestael

Je suis désolée, mais je ne peux me rendre à notre rendez-vous,
ayant été retenue ici par une affaire de la plus haute importance. J’espère que
vous me comprendrez et ne m’en voudrez pas.

Neyge "

Bien sûr qu’il comprenait. Bien sûr qu’il ne lui en voulait pas. Si elle était retenue, c’est qu’elle avait ses raisons. Il était un peu triste, puisqu’elle allait partir sans qu’il puisse la revoir, et qu’il gardait d’elle ce visage horrifié lors de la soirée où il avait présenté Titia aux Ombres, mais il ne lui en voulait pas. Il retourna discrètement sur les lieux qu’il avait choisis pour le rendez-vous. Les amoureux étaient encore là. Un signe ? Mais le quel ? Que son histoire se terminerait bien, puisqu’il y avait des amoureux ? Ou qu’elle était vouée à l’échec, puisque le lieu n’avait jamais été libre ? Un léger pincement au cœur, Llestael prit la décision de retourner à Bree. Là bas il était sur de retrouver des amis.

Il y passa une journée plate… Croisant quelques personnes. Discutant ça et là, sans y trouver grand intérêt. Il rencontra pourtant une connaissance qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Elle était en ville avec son ami, fin saoul, et visiblement peu content de le revoir. Peut être se souvenait-il bien que Llestael s’était gentiment moqué de lui lors de leur première rencontre. Rien de bien méchant en soit… Mais il se pourrait que Llestael aie vexé ce jeune Elfe alors. Même si son amie avait, semblait-il beaucoup rit, et goûté le sel de la plaisanterie.

Il faudrait que Llestael fasse un peu plus attention à son sens de l’humour… Ce fut le début des évènements qui sortirent Llestael de sa torpeur. Il aida cette jeune personne à retrouver son ami. Il était allongé dans un fossé, ivre. Llestael les laissa, c’était, pensait-il, le mieux à faire, et après un rapide passage au Poney Fringuant, où il ne se passait rien, il décida d’aller tenter sa chance à l’Auberge de Combe.

En poussant la porte, il fut surpris de voir autant de monde. Il fut tenté de parti : s’il cherchait de la compagnie, il ne voulait pas pour autant un bain de foule, et souhaitait un minimum de calme. Mais dans la foule quelqu’un lui fit un signe.

Melwaen et Laelawyn étaient là. Il les rejoint. Melwaen lui fit signe de ranger ses épées. Llestael fut surpris. Il jeta un regard à la ronde et constata que personne n’était armé. Ne craignant plus alors pour sa sécurité, ni
celle de ses amis, il suivit le conseil de Melwaen. Il lui demanda ce qui se passait, et qui étaient tout ces gens. Laelawyn et Melwaen lui expliquèrent que c’était des membres de la Caravane des Vents qui faisaient une vente aux
enchères des produits qu’ils fabriquaient. Llestael était intéressé : il leur demanda s’ils pensaient qu’il pourrait trouver un quelconque bijou ou cadeau exotique qu’il pourrait offrir à Neyge lors de son retour.

Ils sourirent, visiblement amusés. Les enchères n’en étaient qu’aux armes, mais, dirent-ils à Llestael, probablement que des objets plus à même de correspondre à ce qu’il recherchait allaient être mis en vente à suivre. Llestael était content. Il dit à ses amis qu’il avait pensé emmener Neyge faire un tour, mais qu’un petit bijou lui semblait une meilleure idée. Melwaen et Laelawyn lui firent remarquer que Neyge serait peut être plus sensible à une belle promenade. Llestael réfléchit un instant, et reconnut que oui, ce serait une meilleure idée. Il avait pensé à Fondcombe, mais ses amis lui dire que Neyge préférait de loin la Comté.

" Mais oui, elle l’a suffisamment dit, quel imbécile je suis … Et j’avais pensé aussi à apprendre à jouer du Luth pour elle… Je crois qu’elle aime beaucoup la musique. "

" C’est une bonne idée effectivement " lui confirmèrent ses amis.

" Oui… L’autre soir elle semblait trouver agréable la musique que jouait Aratern… Je vais lui demander de m’apprendre

Le hasard faisant admirablement les choses, à moins qu’un Valar ne veilla à la destinée de Llestael, c’est le moment que choisit Aratern pour entrer dans l’auberge.

Après les salutations d’usages, et aussi quelques remontrances (il avait aussi oublié de ranger ses armes) Aratern eut la surprise d’entendre Llestael lui demander de bien vouloir lui apprendre à jouer du Luth. Le jeune Eldar se garda bien de lui dire qu’il souhaitait séduire Neyge par ce biais.

En effet, le lendemain du jour où il avait présenté Titia aux Ombres, Aratern était venu parler à Llestael, qui semblait être au plus bas. Ils avaient échangé tout l’après midi. L’homme s’était un peu dévoilé, et avait révélé à Llestael qu’il avait eu beaucoup d’attirance pour la jeune Elfe quelques temps auparavant. Ce souvenir lui était, semblait-il, fort douloureux. Llestael s’était rendu compte alors de sa maladresse, et s’en était voulu… Il voulait éviter d’autres souffrances à son ami.

Aratern refusa d’abord, prétextant que c’était chez lui un don, et qu’il ne saurait enseigner un don, puis en disant que s’il enseignait son art, il perdrait ce qui faisait son attrait. Cependant, devant l’insistance de Llestael, et les remarques de Melwaen et Laelawyn, il accepta.

La soirée était bien avancée déjà… Llestael devait prendre congé. Rendez vous fut pris le lendemain pour le premier cours. Llestael remercia ses amis, leur demandant de bien vouloir l’excuser pour avoir monopolisé leur attention toute la soirée. Ceci sembla amuser Melwaen, qui lui dit de ne pas s’en faire, bien au contraire, précisant même, avec un léger ton de regret, et un regard plein de sous-entendus à Laelawyn, qu’elle trouvait les attentions de Llestael charmantes et attendrissantes.

Mais cela est une autre histoire…

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Le lendemain, Llestael est allé à Bree, acheter son Luth. Le Barde qui le lui a vendu l’avait bien conseillé. Enfin… Llestael le pensait. Il s’était donné la peine de poser les bonnes questions :

" C’est pour un joueur confirmé ou débutant ? "

" Débutant "

" C’est pour emmener sur un champ de bataille ? Pour jouer dans une taverne ? "

" Non, pour une sérénade, pour une belle Dame "

" Ah! … Je vois "

" Oui… Et euh… je ne sais pas en jouer…. "

" Et bien un débutant en somme… Disons que celui ci n’est pas cher… C’est un bon compromis, entre la qualité et le prix "

Llestael se laissa convaincre et acheta le Luth que lui présentait le barde, sans même vouloir l’essayer, malgré l’invite du marchand, de peur de se ridiculiser.

Il s’isola dans un coin, pour voir ce qu’il pouvait en retirer. Décidément, il aurait grand besoin des conseils d’Aratern ! C’était un art pour lequel il n’avait aucun savoir-faire inné… Peut être le travail ?

Il passa l’après midi pensif, mais excité à l’idée de son premier cours.

Mais rien ne se déroula comme prévu…

Il croisa le chemin de Titia. Qui lui dit vouloir entrer chez les Ombres. Llestael se mit donc en quête de Laelawyn pour une entrevue.

La rencontre eut lieu dans le jardin, près de l’Hôtel de Ville de Bree.

Il semblerait que tout se soit une bonne soirée en perspective. Llestael était excité, et très traqueux. Laelawyn avait du s’en rendre compte : il eut, semblait-il, un ton un peu plus cérémonieux qu’à l’accoutumée. Mais tout se déroula à merveille. Laelawyn se fendit même d’une petite blague en tendant un parchemin et une dague à Titia, et en lui demandant de signer avec son propre sang. Titia fut surprise, mais ce serait exécutée si Laelawyn ne l’avait retenue… Et Titia devint une Ombre.

Mais ce n’était pas tout : Llestael avait reçu un courrier de son ami nain Gharic lui annonçant son retour d’un long voyage chez un oncle lointain. Il était en ville ce soir là, au Poney Fringant.

Llestael alla vite retrouver son ami, et l’invita à se joindre à la petite compagnie dans le jardin. C’est ce moment que choisirent d’entrer en scène deux autres personnages : Edeith le fougueux gardien, et Andewen, la douce Elfe timide. Gharic ne comprenait pas trop ce qu’il faisait là. Il ne connaissait personne. Llestael, une idée derrière la tête, fit les
présentations.

La rencontre fut perturbée par un sentiment d’une présence, silencieuse et invisible… Mais tous l’avaient ressentie. Inquiets, Edeith et Andewen préférèrent partir. Ils furent remplacés par Melwaen et Aratern, qui firent l’honneur de leur présence à Titia et Gharic. Mais le rôdeur était toujours là. Inconcevable qu’il restât à une rencontre des Ombres. Il aurait pu entendre des choses qui ne le concernait pas. Chacun se mit à sa recherche. Et Titia fini par le trouver… Un Hobbit… Fouineur. Par sécurité, Laelawyn emmena toute la petite troupe à Tinundir, en Evendim… Il avait, ainsi que Melwaen et Aratern, des contacts privilégiés avec les rôdeurs de ce pays, et pouvait ainsi prétendre à avoir un lieu sécurisé pour pouvoir discuter.

Hélas, la rencontre fut brève… Chacun ayant des obligations. Elle fut brève mais chaleureuse et enjouée. Gharic ayant donné libre cours à sa verve, toujours en forme et visiblement bien reposé par son congé chez son oncle. Llestael ne savait pas trop où se mettre, gêné. Mais visiblement, tout le monde était ravit…

Quand Llestael eut quitté la petite compagnie, il se sentait bien. Ces évènements, les retrouvailles avec ses amis, lui avait permis de ne plus penser à Neyge un court instant. Et même si son doux nom avait été prononcé une fois par Laelawyn, celui ci, au regard de la mine attristée de Llestael, avait vite changé de sujet.

Non pas qu’il ne veuille pas y penser, non, loin de là, mais cela lui faisait le cœur lourd à chaque fois. Lorsqu’il était dans un élan de " créativité séductive ", comme il disait, il aimait à y penser. Autrement, cela le rendait taciturne, il envisageait le pire.

Mais cela est une autre histoire…

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La nuit de Llestael fut agitée. Beaucoup de choses se passaient dans son esprit. La joie d’avoir revu enfin son ami Gharic, absent depuis de longues semaines, le bonheur de voir que Titia avait rejoint les Ombres, la bonne soirée passée auprès de ses amis, les anciens comme les nouveaux. Et puis il y avait des pensées plus sombres, des doutes, insidieux, s’insinuant partout où il y avait une once de bonheur dans son esprit.

Le doute est la chose que redoutait le plus Llestael. Il le renvoyait à son passé… Au néant, au vide qu’il ne connaissait plus. Il ne pouvait le supporter, il était incapable de le regarder en face, incapable d’assumer ce qu’il était, avait été, ce qu’il ignorait de lui, et ne saurait peut être jamais. Et ce soir il doutait.

Et si Neyge ne voulait pas de lui ? Et si tout ceci était vain ? Comment pouvait-elle vouloir de lui ? Après tout, elle ne le connaissait que depuis trop peu de temps. Certes, elle semblait l’apprécier, puisqu’elle l’avait invité à joindre les Ombres, certes, elle était agréable avec lui, gentille… Mais c’était tout. Elle n’était pas venue au rendez-vous. Bien sûr, elle avait envoyé un courrier pour s’excuser. Une affaire de la plus haute importance. Mais n’avait-elle pas voulu que celle-ci durat plus longtemps que nécessaire ? N’était-ce pas un moyen de fuir Llestael ? Et puis elle avait refusé, alors qu’il était proche, et disponible, qu’il vienne à Bree la veille de son départ, pour lui souhaiter l’Au Revoir. Ce refus l’avait meurtri. Il ne le lui avait pas dit, mais il en gardait un souvenir amer. Et surtout, cette insistance à parler sans cesse des jeunes elfes qu’elle rencontrait. Elle ne pouvait ignorer que chacune des ses phrases, à cet moment là, était autant de Lames Sombres du Mordor assaillant les chairs de Llestael, les tailladant cruellement, lacérant son cœur, pénétrant son esprit et y laissant une marque noire indélébile. Comment pouvait-il croire qu’elle succomberait à ses avances ? Tout, tous les signes qu’il pouvait observer chez elle lui disaient qu’elle se refuserait. Et que faire si cela arrivait ? Que faire ?
Toute la nuit, il se tourna encore et encore sur sa couche, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Quand enfin il sombra, le jour pointait déjà, et il devait se réveiller : la journée serait longue ! Il était fatigué… Très. Il retrouva ses amis Titia, et Gharic. Et leur raconta tout ce qui s’était passé depuis leur dernière rencontre. Et, concernant Gharic, il s’en était passé des choses. Ils parlèrent de la rencontre de la vieille, au refuge de Tinundir, débattant des origines de la bâtisse : Humaine pour Titia, Naine pour Gharic, laide pour Llestael. Puis ils devisèrent des différentes vertus de la bière, triple X surtout. Et accessoirement, le nain évoqua la nécessité pour lui de changer son Luth, du fait d’un pari stupide, selon Llestael, mais visiblement pas selon le Nain, avec son oncle, sur le fait qu’un Luth contenait plus de bière qu’une chopine…Et enfin, Llestael aborda le sujet qui l’obnubilait : Neyge.

Il raconta tout à Gharic. Titia savait déjà.

Gharic essaya tant bien que mal de remonter le moral à son ami. Il lui proposa même son aide, lui disant qu’il pouvait être présent si Llestael et Neyge devaient se recroiser, pour jouer la sérénade, déclamer des madrigaux en l’honneur de son ami et son aimée. Il improvisa même, sur le pouce, une petite ritournelle sur le sujet :

Sombre est la neige
elle ne viendra pas ce soir
Rouge est la neige
et mon nom est désespoir
Pourtant pour elle j'aurais pris les armes
Pour elle j'aurais affronté les enfers
Pour elle j'aurai mis fin au vacarme
Qui règne en moi, dans mon hiver
Mais sombre est la neige
Dans son impassible manège
Mais rouge est la neige
Tachée de mon sang pour toi... Neyge

Titia et Llestael trouvèrent le texte superbe. Mais Llestael se dit que ce genre de compliment, venant d’un autre que lui, risquait de plaire à Neyge… Et de rendre son auteur désirable à ses yeux… Et il n’en était pas l’auteur. Il se dit, en revanche, que Gharic pourrait bien lui apprendre à jouer du Luth. Il était doué, il savait tirer de son instrument des mélodies qui charmaient le cœur de Llestael. C’était sûrement une bonne idée !

Il le proposa, et Gharic accepta de suite ! Llestael était heureux. Il avait deux professeurs à sa disposition. Peut-être était-ce trop. Il dirait à Aratern qu’il prendrait les cours avec Gharic. Cela permettrait à Aratern de disposer de son temps comme il l’entendait. Llestael espérait que son nouvel ami ne se vexerait pas de son changement d’avis.

Le reste de la journée fut passé à parler de choses diverses. Mais beaucoup à remonter le moral de Llestael, après sa nuit difficile. Gharic s’y entendait à merveille pour ce genre de chose. Il disait que si sa Dame ne voulait pas de Llestael, il irait la voir, et vanterait ses mérites. Et que personne ne pouvait résister aux Nains… Alors à lui, à Gharic. Il aurait vite fait, disait-il, de rendre Neyge amoureuse de Llestael.

Llestael souriait. Il doutait que ce fut vrai. Ce dont il doutait, ce n’était pas que Gharic le ferait, ni qu’il avait une verve à toute épreuve. Non. Il doutait que cela suffise à faire changer Neyge d’avis. Mais il était heureux de voir que ses amis étaient là, près de lui. Il était heureux de voir qu’ils veillaient sur lui, et se souciaient de lui. De voir qu’il les avait bien choisis.

C’est le cœur léger, du moins plus léger, que Llestael partit pour Tinundir. Il avait là bas un travail à finir, pour un vieux fou… Des énigmes, auxquelles il ne comprenait pas grand chose, et surtout quelques horribles salamandres à tuer. Il fut rejoint par Laelawyn et Titia.

Une fois la mission menée à bien, il prit congé de ses compagnons, et reprit la route de Bree. Il avait appris que son compagnon venait d’intégrer les Ombres. Il pensait le trouver au Poney Fringant. Malheureusement, l’auberge était vide. Il en sortit donc. Une voix le surprit. Sur la place, une jeune femme haranguait la foule, annonçant qu’elle allait jouer pour elle. Il se dit que ce pouvait être l’occasion de passer une bonne soirée. En s’approchant, il sentit une présence. Une présence qu’il avait déjà sentie. Il se retourna et se trouva nez à nez, enfin, si tant est que cela fut possible, vu la différence de taille, avec un jeune Hobbit. Celui-ci le regarda avec de grands yeux. Ils se reconnurent tous les deux : c’était le jeune Hobbit qui avait espionné, la veille, les Ombres dans les jardins de Bree. Le Hobbit semblait gêné. Llestael lui fit comprendre avec humour, pensait-il, qu’il l’avait reconnu, et qu’il valait mieux pour lui qu’il ne se risqua plus à rôder autour de lui ou ses amis… Une lame d’épée pouvait si vite devenir dangereuse. Le Hobbit se présenta. Il s’appelait Lotron. Il s’excusa, et promit de ne plus recommencer.

" La prochaine fois, faites vous connaître. Et venez nous voir directement. Cela sera plus… apprécié " lui répondit Llestael.

Ce petit incident clos, Llestael retourna son attention vers la jeune femme, qui continuait d’essayer d’attirer l’attention de la foule.

" Vous êtes ménestrel ? "
" Oui, messire "
" Mhhhhhhhh… Alors peut être pourriez-vous me jouer un morceau ? "
" Avec plaisir messire "

La jeune femme prit sa harpe, et se mit à jouer, un air lent, mélancolique. Llestael fut tout de suite séduit. Le morceau parlait à son cœur. Il s’assit pour écouter mieux. Et laissa son esprit vagabonder. La douce mélodie le prenait, et l’emmenait loin, très loin. Il était en Comté, avec Neyge. Ils étaient heureux. Le Mordor était tombé, les Terres du Milieux étaient sauvées, les Eldars étaient revenus des Havres Gris. Il avait retrouvé la mémoire, et son Amour, son grand Amour était à ses côtés, douce et aimante. Ils étaient entourés de leurs amis, autour d’un grand buffet, à la belle étoile. Aratern et Gharic jouaient de la musique pour la compagnie. Melwaen était assise dans l’herbe, la tête posée sur l’épaule de Laelawyn. Andewen avait retrouvé celui qu’elle cherchait, et tous les siens, elle était radieuse. Krysnath et Edeith se chamaillaient en riant dans un coin, autour d’une chopine de bière naine pour l’un et d’hydromel elfique pour l’autre. Titia regardait tout ce petit monde, amusée, l’air malicieux, et mystérieux… Un beau sourire sur les lèvres… Peut être avait-elle trouvé enfin un homme. Adeanor lisait paisiblement ses précieux manuscrits, légèrement à l’écart, Nellaya s’affairait consciencieusement autour des petits plats qu’elle préparait avec Neyge pour tous… Neyge allait d’un convive à l’autre, ne manquant pas de lancer un sourire ou déposer un baiser sur son front ou sur sa joue, à Llesatel, à chacun de ses passage.

Et la musique se tut. Llestael revint à la réalité. Doucement, embrumé, il se leva.

" Madame, votre musique est merveilleuse… Je suis sous le charme "
" Je vous remercie messire ", dit-elle en souriant
" J’ai été agréablement transporté… Des souvenirs… des pensées… "
" Et bien j’espère que ces souvenirs étaient des plus agréables "
" L’avenir nous.. Me le dira. Je ne puis rester plus longtemps, mais je serais très heureux de pouvoir vous écouter à nouveau "
" Je suis là souvent le soir, j’aime apporter aux gens un peu de paix dans leur cœur avec ma musique . "

Llestael lui tendit une main pleine de pièces. Une idée germait dans son esprit…

" Voici pour vous. Vous le méritez. Je suis Llestaelendelieth Gwyc’hlwynn "
" Je suis Amallia, et je vous connais "
" Vous me connaissez ? "

Llestael était très surpris.

" Oui, je vais souvent le dimanche à Combe, à l’Auberge, et je joue souvent après les ventes des Caravanes du Vent. Vous y étiez ce dimanche, non ? "
" Oui… J’y étais… Je suis surpris que vous vous souveniez de moi. Alors nous aurons l’occasion de nous revoir, je pense "

Cette jeune femme semblait désireuse d’aider son prochain. Elle semblait vouloir éclairer les ténèbres….
Llestael se dit qu’elle pourrait faire une bonne recrue pour les Ombres. Et sa musique lui apportait un peu de chaleur… Le rapprochait de Neyge….

Mais cela est une autre histoire.

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Dieux, que cette journée allait être chargée ! Une longue journée, avec ses amis Titia et Gharic. Celui-ci venait d’être intégré chez les Ombres. Il fallait bien fêter ça ! Ils se retrouvèrent donc tous les trois, dans un petit salon privé du Poney Fringant. La discussion allait bon train, Gharic et Titia se chamaillant gentiment. Gharic dispensant encore moult conseils à Llestael sur comment séduire Neyge, avec un joli poème rondement tourné. Il lui en proposa plusieurs, joliment écrits, mais Llestael refusa. Il préférait le faire lui-même. Alors que pendant que ces amis discutaient en bruit de fond, avec force rires, il s’isola en bout de table et griffonna sur un bout de parchemin quelques vers. Cela lui prit des heures, à s’appliquer. Mais le résultat était là. Il était fier de lui. Quand il eut fini, il appela
l’attention de ses compagnons, et se mit à déclamer son œuvre :

Depuis la verte et riante vallée de Fondcombe,
Jusqu’aux sentiers sinueux de la ville de Combe,
Depuis les impressionnantes Portes de Thorin,
Jusqu’aux lits où serpentent les eaux de Célondim,

Il n’est rien de plus doux, plus tendre en Eriador,
Il n’est rien de plus riant ou que sais-je encore,
Que ce qu’en ce matin, à Bree j’ai rencontré.
De terne et morose, ce jour fut ensoleillé.

Elle était radieuse, elle était la plus belle,
Et depuis ce jour, mon cœur ne bat que pour elle.
Noble Ménestrel, joue pour elle tes arpèges,

Tire de ton Luth les notes les plus sensuelles,
Qu’elles aillent enchanter, rieuses et charnelles,
Les oreilles de mon Aimée, la tendre Neyge

Il s’arrêta, profitant du silence suivant sa déclamation.

" Le silence après Llestael, c’est encore du
Llestael " se disait-il fier de lui.

Titia semblait se mordre la joue, pour ne pas rire. Gharic, lui, restait figé… Comme pensif, la bouche ouverte, les yeux ronds, admiratif, sûrement, se dit Llestael. Enfin il ouvrit la bouche :

" Il a au moins le mérite d’exister, ce poème… Tu ne devrais le lui réciter qu’en dernier ressort… Il est trop émotionnel pour être livré comme ça, à brûle pourpoint "

Titia se mit à rire franchement. Llestael restait fier de lui. Il plia soigneusement son parchemin, le glissa dans une des poches de son bliaud, pour pouvoir l’apprendre plus tard.

Comme Gharic l’avait promis, il donna un cours de Luth, auquel Titia voulait aussi participer. Chacun sorti donc son instrument. Le cours fut long, et parfois fastidieux… Il fut en tout cas, un grand moment de travail assidu et acharné de la part de tous les participants, Gharic étant un professeur intraitable !

Gharic :
Alors, tout d'abord, on accorde son instrument ! Il y a plusieurs cordes, quand vous faites, ça, accord à vide, ça doit donner ça ! Ensuite, quelques accords simples, suffit de poser les doigts au bon endroit, on enchaîne, un accord, et un autre, et on balaye doucement les cordes. Non, pas si fort, vous allez casser une corde ! Là, c'est mieux…

Llestael :
*regarde avec de grands yeux ronds Gharic... * Euh... oui, mais tu vas trop vite là!

Titia :
Mais c'est dur ça ! Peut être pourrions nous apprendre un truc joli. Le vol du bourdon par exemple...

Gharic :
On va commencer par la ballade de la coccinelle. Le bourdon c'est quand vous serez vraiment au point
C'est do fa mi. Allez, en cadence, tous ensemble, et on n'oublie pas de taper discrètement du pied pour garder la cadence ! Un tour sur soi-même, on plie les genoux et on retourne au couplet suivant

Llestael
*cherche comment on fait do fa mi, et fait des nœuds avec ses doigts*

Titia :
Et majeur ou mineur les accords Maître Gharic??

Gharic :
Majeur, le mineur et diminués, on verra plus tard ! Basique, on reste basique

Llestael :
Oui, c'est ça, soyons basique... hein! ... j'aime le basique... *souffre de crampes dans les poignets*

Titia :
D’accord, mais j'ai déjà quelques bases contrairement à l'elfe là

Llestael :
L'elfe, là, il fait ce qu'il peut! Il souffre... du cœur, des doigts, de partout... Alors l'Elfe là, on le laisse progresser BASIQUEMENT, avec des exercices BASIQUES! Nan mais!

Gharic :
Je vais vous apprendre "La Grosse Lulu", une chanson que j'aime mettre à mon répertoire pour les noces et les banquets ! Deux accords : fa et sol, simples à placer au niveau des doigts. D'abord la musique et demain je
vous apprendrai les paroles, afin de tester vos capacités de chanter en jouant ! Allez, fa...... fa fa... sol... fa fa sol... et on recommence Fa... Fa Fa... sol.... fa fa sol...

Llestael :
"La Grosse Lulu?" Es-tu sur que cela plaise à Neyge?

Gharic :
C'est pour l'exercice ! Ca cause de la Reine Luthienne, un petit royaume humain oublié du côté du Gondor ou du Rohan mais la chanson est restée dans le patrimoine nain

Llestael :
*respectueux* Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh, alors si c'est du patrimoine nain!

Titia :
C’est dur le Fa.. Faut le faire en barré!!!!! Ca fait mal à mes petits doigts...

Llestael :
Paf... Bien fait !

Titia :
Hihihi il est nul Llestael *Titia commence à jouer parfaitement la grosse Lulu*

Llestael :
Pfffffffffffffffffff

Ainsi se déroula une grande partie de la journée, à gratter les cordes du Luth. Llestael persévérait. Même lorsque ses amis furent partis, il s’isola dans un coin de Bree et se mit à travailler encore et encore le Luth. C’est alors qu’il aperçut quelqu’un du coin de l’œil. Quelqu’un qui l’observait. Ce visage ne lui était pas inconnu. Il réfléchit quelques instants. Et il se souvint. C’était lui… C’était l’Elfe au nom impossible qui avait tant plus à Neyge le soir où il lui avait déclaré sa flamme. Il réfléchit encore un peu sur le comportement à adopter. Et puis il pris sa décision. Il rangea son Luth, et
se dirigea vers l’Elfe.

" Nous nous connaissons, n’est-ce pas ? "

" Oui… Vous étiez l’autre soir avec un groupe d’amis, et en fort bonne compagnie. Vous écoutiez la musique de l’un des votres… "

" Ah! Oui… Aratern, il joue très bien oui "

" C’est cela Aratern "

Llestael l’avait donc bien reconnu. Un pincement au cœur, il lui dit
" Je suis Llestaelendelieth "

" Je suis Belectheltion "

" Oui.. Je me souviens de vous… De votre nom… Et de cette bonne soirée " et il ajouta pour lui-même " Enfin, pour certains.

Il se souvint que Neyge avait cherché longtemps ce jeune homme, qu’il était une menace potentielle pour ses projets sentimentaux. Mais Llestael avait grand cœur : retrouver cet Elfe ferait sûrement plaisir à Neyge.
Llestael décida donc de lui tenir compagnie quelques instants. Il fut aidé par l’arrivée de Gharic. Tout trois, après avoir devisé dans les rues de Bree, partirent pour le Poney Fringant Gharic offrit à boire à ses compagnons. Mais
Llestael avait une autre idée en tête. Conscient de faire entrer le loup dans la bergerie, il parla à Belecthelion des Ombres, et de leur rôle d’aide aux populations de l’Eriador. Il lui proposa de les rejoindre, si cela l’intéressait. Belecthelion, un peu assommé par les bières Naines de Gharic, semblait enchanté de la proposition. Llestael l’informa donc qu’il en parlerait à qui de droit, et que Belecthelion serait contacté par courrier. Llestael avait beaucoup à faire, il s’excusa, et s’en alla, confiant le jeune Elfe déjà bien fatigué aux bons soins et à la bonne bière de Gharic, non sans l’avoir au préalable prévenu, et sur un ton qui ne laissait aucun doute quant au sérieux de ses propos, qu’il valait mieux pour lui qu’il ne tenta pas de séduire Neyge.

En soirée, Llestael revint à Bree… Et croisa de nouveau Belecthelion. Il le salua amicalement. De loin il aperçut aussi deux autres Ombres…. Mais ? Etait-ce possible ? Il devait rêver ! Il invita le jeune homme à le suivre. Il allait lui présenter quelqu’un.

Andewen était là, timide et belle, comme à son habitude. Mais c’était surtout l’autre personne qui l’intriguait… Amarthaina. Elle était là, portant les insignes discrets des Ombres. Il arbora un grand sourire, salua et
présenta ses amies à Belecthelion. Gharic, de passage, se joignit une fois de plus à la compagnie, jouant de son instrument. Tout à la joie de revoir Amarthaina, et en pensant à celle qu’aurait Neyge, Llestael écoutait la musique.
Entraîné, il proposa à Amarthaina de danser. Elle hésita un instant mais fini par accepter. Llestael du bien lui marcher un peu sur les pieds, mais elle ne fit pas mine de se plaindre. Il passa une bonne partie de la soirée à la
taquiner, l’embrassant sur la joue (il savait qu’elle n’avait pas l’habitude, et il s’en amusait) la prenant par les épaules, la secouant gallairdement, lui donnant quelques petits coups de coudes tout en lui montrant Andewen qui tentait
timidement de danser, en rougissant, à l’invitation charmante de Belecthelion, qui dévorait la belle Ménestrel du regard. Les passants semblaient attirés par cette joyeuse compagnie, chantante, riante et dansante, car un petit groupe se
forma bien vite autour d’elle.

Amarthaina, dû partir. Après lui avoir rappelé leurs promesses mutuelles, et lui avoir une fois de plus dit la joie qu’il avait de son retour, Llestael lui souhaita une bonne soirée. C’est le moment que choisi aussi Andewen pour partir. Ils se retrouvèrent donc de nouveaux tous les trois : Belecthelion, Gharic et Llestael, qui proposa de porter un toast à cette formidable journée. Ce fut pour lui la bière de trop.

Elle lui fit un effet monstre. Il sentit le monde se dérober sous ses pieds, et comme une grosse difficulté d’élocution. Ce fut le moment que choisit Amallia, pour faire son apparition. Llestael alla la saluer, et lui présenter ses amis.

" Amallia.. Ze chuis gontent de vous
voaaaarrrrrrrrrr "

" Oh! … Llestael ? Vous allez bien ? "
" Voui… Cha va ! Bermettez moach de vous brésenter mes amis : le p’tit court sur pattes là, chest mon copain Gharic ! Un fameux, che vous le dit ! L’autre, c’est Becle… Nan, Betiol… nan plus… Teclet… c’est Machin, hein Machin ? "

" Vous semblez… euh…. "

" Oui, Madame, dit Gharic, il est fin saoul… "

" Chest de ta fauuuuute avec ton affreuse bière Naine "

" Non, on a du y verser quelque chose de frelaté, jamais une seule bière naine ne fait autant de dégâts, la preuve, il m’en faut une douzaine "

" Et buis, che ne zuis pas hips… pas zivre… Che suis gai ! "

La soirée se passa joyeusement à parler de choses diverses et variées, ponctuée par les remarques pleines de bon sens d’un Llestael qui n’était visiblement pas au mieux de sa forme. Il chantait haut et fort, et faux, quand Gharic jouait de la musique (quelques bons morceaux du Pourpre Profond – Doux Enfant dans la Lumière, Fumée sur le Lac…- ou du Sabbat Noir - l’Homme de Fer…-) allant même jusqu’à improviser au Luth un solo fort… et bien disons… fort moderne. Le clou de la soirée étant quand il se mit à chanter la " Grosse Lulu ", Reine de Luthienne, qu’il confondit un instant avec Paulette, qui elle n’était que Reine des Paupiettes, d’une voix de stentors, faisant se retourner tous les gens qui passaient sur la place de Bree .

Il trouva quand même le moyen de retrouver assez d’esprit pour proposer à Amallia, comme il en avait l’intention, de se joindre aux Ombres. Elle refusa poliment, disant que ce n’était pas possible pour le moment, sans qu’elle puisse expliquer pourquoi.

Un peu plus tard, Llestael du partir, le monde environnant devenant par trop instable pour sa tête. Il alla se coucher dans un endroit plus calme, laissant Amallia en compagnie de ses amis.

Un peu plus tard, alors qu’il émergeait douloureusement de sa sieste forcée, il put échanger quelques mots avec Melwaen. Il lui raconta les évènements de la journée, brièvement, la prévenant qu’elle risquait d’entendre
parler de ses excès. Il était honteux et avait très mal à la tête. Il avait envie de parler, de se confier. Il avoua à demi-mots à Melwaen qu’il pensait que ses excès étaient dus, indirectement, au grand désarroi dans lequel il était
actuellement. Melwaen lui souffla que malheureusement elle ne pouvait pas répondre à ses questions et à ses doutes. Llestael le savait. Mais il répondit que pour lui il était grand temps que se termine cette torture. Melwaen le
comprenait. Elle semblait être attristée. Elle eut quelques mots réconfortant, non pas sur l’issue de sa relation avec Neyge, mais sur les qualités de Llestael. Il la remercia timidement, promettant de faire plus attention la
prochaine fois.

Mais cela est une autre histoire.

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Llestael était pris d’un doute, un doute horrible sur la nature de ses sentiments. Et non seulement il doutait de ses sentiments, mais il devenait de moins en moins convaincu qu’il y eut la moindre chance que Neyge succomba à ses avances, et aux efforts qu’il faisait pour la séduire.

Il était retourné à Fondcombe, près de la Dernière Maison Simple. Il était assis, face au torrent et il doutait de lui. Fortement. Comment se faisait-il que ses sentiments fussent si exacerbés envers la
jeune femme ? Comment, en si peu de temps, avait-il pu développer tant d’attachement si profond ? Cela le laissait perplexe. Ce n’était pas son genre. De même que faire le zouave comme il l’avait fait la veille ne l’était pas. Mais il était si perturbé, si fragilisé par toute cette histoire que, tous comptes faits, il n’en était pas plus étonné que ça. Non, ce qui le tracassait vraiment c’était de comprendre pourquoi Neyge lui était si vite devenue indispensable. Et d’abord… Etait-ce de l’Amour ? Il resta un long moment à essayer de résoudre cette question. Il ne connaissait pas ce sentiment, enfin, pas depuis qu’il avait perdu la mémoire. Il savait ce qu’était une amitié, une vraie, gagnée sur les
champs de bataille, telle qu’il la partageait avec ses amis Gharic, Titia, Caskorin, et Sibelmir ou les Ombres. Il savait aussi ce qu’était l’amitié due à une vision commune, à un profond respect mutuel, et aux moments de plaisirs partagés. Il savait ce qu’était le sentiment d’appartenir à une famille. Depuis peu, mais il le savait. Ce qu’il ressentait pour Neyge n’avait rien à voir avec tout cela… Non pas qu’il n’y ait aucune amitié, ni aucun respect… Bien au contraire. Mais il y avait quelque chose en plus.
Quand ses amis n’étaient pas là, il ressentait un manque, le besoin de leur présence, d’être entouré.
Mais qu’un seul de ses amis soit là, et ce manque disparaissait. Quand Neyge était absente, aucune présence ne suffisait à combler le vide. Il avait en permanence la jeune femme à l’esprit. Etait-ce ça l’Amour ? Etait-ce sentir la chaleur de mille soleils quand un sourire venait vers vous, quand un rire se glissait au creux de votre oreille ? Est-ce, quand un parfum humé au hasard des rues, des chemins,
être transporté aussitôt vers cette personne ? Est-ce ne plus pouvoir s’endormir sans que la dernière
pensée soit pour elle ou se réveiller sans que la première image ne fut la sienne ?

Si c’était cela, alors aucun doute… Il était amoureux… Il en avait la certitude. Il
était rassuré. Au moins il était sur de ne pas sombrer dans la folie...

Si cela le réconfortait, il n’en restait pas moins qu’il doutait encore qu’il eut la moindre
chance de séduire Neyge. Et plus le temps passait, plus il y réfléchissait… Et plus il en doutait. Il était
même persuadé qu’il n’y parviendrait pas. Il resta tout l’après-midi à cogiter. Sans trouver la moindre
raison qui pourrait lui faire penser autre chose. Mais il ne voulait pas baisser les bras. Il n’avait qu’un sentiment, et non une certitude.

Et puis, il ne voulait pas non plus géner Neyge. Il avait conscience d'être trop présent,
parfois même insistant. Et il avait surtout conscience que cela pouvait gêner la jeune femme! Il ne voulait pas être imposant. Il voulait que Neyge reste radieuse, souriante, chantante, il voulait qu'elle reste elle même... C'était difficile. Assumer sa peur, et son envie, montrer de l'intêret, tout en ne
gênant pas... Il ne savait pas faire. Il n'avait pas appris...Ou ne s'en souvenait plus. Et il imaginait aussi que la jeune femme ne se sentait pas à l'aise du tout...Et il ne voulait que lui apporter du bonheur...

Plus que quelques jours avant de savoir... Il lui faudrait encore patienter quelques jours. Quelques
trop longs jours.

Le soir arrivait. Llestael se mit en route pour Bree. Il remarqua que tout ses amis étaient dans
les parages. Et nombreux. Il lança une invitation générale à venir faire la fête au Poney Fringant.

Tous sont venus : Gharic, Titia, Adeanor, accompagné de deux charmantes dames de la Caravane
des Vents, Amarthaina, Aratern, Galuil, Melwaen… et même Lindoras les a rejoint plus tard. La fête, pensait –il, était très réussie… Bien qu’il fut encore, pour le deuxième jour consécutif, dans un état peu
avouable. Il semble qu’il ait énervé Aratern et désolé Melwaen… Il ne les avait pas encore revus
depuis, mais il en entendrait sûrement reparlé… Il se souvenait qu’Aratern voulait qu’il aille se coucher, puis, devant le refus de Llestael, qu’il a essayé de l’assommer…

Les souvenirs qu’il avait de la soirée étaient assez flous… Il avait joué un peu de Luth. Il avait parlé à Amarthaina, dansé avec Melwaen… Etait monté sur la table pour un ban, et dit à l’occasion à ses amis qu’il les aimait…

Il se souvenait que peu de temps avant qu’il n’aille se coucher, Titia était partie, et qu’il
avait demandé à Aratern de la raccompagner, pour qu’il se sente plus rassuré. Aratern semblait d’accord… Mais Titia a refusé. Llestael n’avait pas compris.

Mais cela est une autre histoire.

Invité

Lors de la soirée au Poney Fringant, Amarthaina et Llestael avait parlé. Un peu. Elle avait demandé s'il avait besoin d'aide. Il avait répondu, plus pour la taquiner, que oui, elle pourrait l'aider, mais qu'il n'était pas sûr qu'elle le voudrait. Elle lui demanda s'il avait besoin qu'elle écrive une lettre....

Mais Llestael avait du partir. La discussion en était restée là.

Ce jour là, Llestael était monté sur le toit d'une maison haute de Bree. Ses amis s'inquiétaient... Il du les rassurer à maintes reprises: il était sobre, et il n'avait aucune envie de se faire du mal. Il voualit juste profiter de la vue magnifique qu'il avait sur la ville.

Amarthaina et Gharic lui repprochèrent son comportement des jours précédents. Llestael leur répondit qu'éffectivement, il n'était pas glorieux, mais qu'il avait du passer par là pour affronter une situation qui était lourde, beaucoup trop lourde pour ses épaules. Mais que maintenant qu'il avait touché le fond, qu'il avait donné un bon coup de talon, il remontait. Que grâce à ça, grâce aux réactions de ses amis, il allait beaucoup mieux, et qu'il était serein. Ce qui ne voulait pas dire qu'il s'était détaché de Neyge, ou qu'il n'avait plus peur de son refus. Non, celà voulait juste dire qu'il avait accepté d'avoir à attendre, et que cette attente n'était pas des plus agréables.

Nellaya lui proposait des nouveaux bijoux pour son équipement. Il refusa, mais lui demanda si elle pouvait en faire un, une commande spéciale, pour un cadeau. Elle accepta... Le bijou était superbe, Llestael était ravi!

Dans sa discussion avec Amarthaina, Llestael revint aux propos qui s'étaient tenus il y avait quelques jours au Poney Fringant entre elle et lui.

"Vous savez, l'autre soir, vous m'avez parlé de lettre...."
"Oui..."
"Et bien soit, je veux bien que vous m'en fassiez une"
"Je m'en doutais....Et que voulez vous que j'y mette, et pour qui?"
"J'aimerais que vous écriviez à Neyge. Vous êtes sa meilleure amie"
"Et que voulez vous que je lui dise"
"Rien.... Vous lui dites la vérité. Vous lui dites juste ce que vous pensez de moi..."

Amarthaina était étoonée...

"Vous savez que je peux dire du mal?"
"Oui... Peu importe, ma seule exigence, est que si vous acceptez de le faire, vous lui dites la vérité... Même la vérité qui vous arrange! Si vous voulez vous débarassez de moi, dites que vous m'avez vu boire plus que de raison... Ce sera la vérité...."

Amrthaina semblait prise au dépourvu.... Il faut dire que la demande était pour le moins étrange, elle ne voyait probablement pas ou voulait en venir Llestael. C'était pourtant simple... Elle était la meilleure amie de Neyge, pensait Llestael, et son avis avait de l'importance pour Neyge, donc. Elle l'écouterait peut être. Et si Amy pensait que Llestael ne vallait pas la peine, elle le dirait, et elle aurait raison. Et en même temps, Llestael témoignait une grande confiance à Amarthaina. Il appréciait la jeune femme, il avait apprécié qu'elle tint sa promesse (même si c'était pour Neyge qu'elle l'avait fait!) et il était sur qu'elle pouvait être une amie fort agréable. Mais il n'arrivait pas, lui semblait-il, à s'en faire apprécier.Peut être que ce témoignage de confiance, sans arrière pensée autre qu'une recherche d'amitié, et d'une écoute attentive de Neyge, était-il maladroit. Il ne le savait pas. Mais sur le coup l'idée lui avait semblée bonne,tatalement improvisée, mais bonne.

Un peu plus tard, alors qu'il était encore sur le toit, Amarthaina vint le rejoindre, prétextant qu'elle était venue cherchez des lingots.
"Ici, sur ce toit?"
"Oui"
"C'est vrai qu'il est réputé pour ça" sourit Llestael "d'ailleurs, tenez, en voilà un" Il déisgnait un endroit du toit.
Amarthaina riait. Llestael fit mine de prendre quelque chose, et de le tendre à Amarthaina.
'Tenez, votre lingot"
A sa grande surprise, elle prit ce que ne lui tendait pas Llestael, et le remercia. Ils rirent tous les deux de cette ridicule plaisanterie.

Llestael proposa à la jeune femme de se tuttoyer. Elle accepta. Et ils échangèrent encore sur la demande précédente de Llestael. Amarthaina lui apprit qu'elle allait accepter, avec plaisir. Mais que celà allait beaucoup lui couter.

Et plus la conversation avançait, plus Llestael se rendit compte que ce qu'il avait demandé à Amarthaina était cruel. Les sentiments de la jeune femme pour Neyge étaient troubles. Forts, mais elle n'arrivait pas à en déterminer la nature. Conscient alors de sa maladresse, il s'excusa: il n'avait pas compris que la relation à Neyge qu'avait Amarthaina était si difficile. Il ne voulait pas être source de souffrance.
"Vous...Oubliez ce que je vous ai demandé...."
Amarthaina semblait pourtant vouloir le faire. Llestael la remercia alors vivement du cadeau qu'elle était en train de lui faire. Il venait, il en était sur, de trouver une amie fidèle et dévouée, qui méritait qu'on lui porte attention et le plus grand respect qui soit!

Ils durent se séparer. Llestael était mal à l'aise.

Maintenant, Neyge devait rentrer le lendemain. Il était nerveux. La nuit ne serait pas reposante. Il allait être fixé... Et personne ne pouvait lui dire dans quel sens....

Plus tard, il croisa Gharic et Lindoras devant le Poney Fringant. Il essaya de jouer un morceau avec le nain, en préparation d'un concert imminent, sans succès... Ils n'étaient pas assez entrainés. Il faudrait encore beaucoup de travail....

Mais celà est une autre histoire!

Invité

Voilà...
Ils s'étaient vus... A Esteldin...

Neyge était venu rejoindre Llestael. Il était assez nerveux.
Une semaine d'attente, c'était long.

Il était heureux de la voir. Elle était belle... Si bellle dans sa robe verte. Ses cheveux... Mais Llestael sentait que ce jour n'était pas son jour.

Et Neyge a commencé à lui parler... A lui raconter ce qu'elle avait dit à sa grand mère, à lui dire que Llestael était important pour elle...

A ce moment, Llestael su... Si Neyge avait l'intention de succomber à ses avances, la discussion n'aurait pas pris ce tour.

Et Neyge continuait à lui dire qu'elle aimait aussi sa liberté. A lui dire qu'elle ne voulait pas se lier... Et qu'elle ne voulait pas lui faire de mal.

Llestael n'en croyait pas ses oreilles. Il était abattu. Des longues minutes Neyge parlait, de longues minutes il écoutait.

Et puis il prit la parole, défait. Sachant que tout était perdu pour lui. Il essaya de la convaincre. De la raisonner. Mais la Neyge est restée Neyge: droite, fidèle à elle même... Elle avait gardé pendant toute la discussion le même ton doux, celui que Llestael adorait. Elle avait gardé son regard pétillant.

Llestael lui était passé par toutes les phases de décomposition possible et inimaginable.

Il n'arrivait pas à se faire une raison... Et pourtant il le devait.

"Tu es un homme bien, tu trouveras une belle Efle qui te donnera ce que je ne peux"

Des mots qui ne réconfortaient pas du tout Llestael.

"Et puis, ce n'est que maintenant. Les gens changent, les sentiments évoluent... Peut être que plus tard...."
"Vous voulez que je vous attende?"
"Non, je veux que tu sois heureux, mais sans moi...."

Llestael ne savait que faire... Rester ami? Cela le torturait. Partir, quitter les Ombres? Il serait loin de Neyge, et il ne le pourrait pas. En meme temps, rester près d'elle était cruellement difficile.

Neyge lui promit que rien ne changerait pour elle: elle se comporterait avec lui de la même façon, elle continuerait à rire avec lui.... Et plus encore, elle lui promit qu'il était un ami privilégié...

Llestael réfléchit quelques instants.... Lui dit qu'il ne pouvait pas lui promettre qu'il ne retenterait pas sa chance... Elle sourit. Elle dit qu'il n'y avait aucun problème à ça....

Alors Llestael décida que Neyge et lui pouvaient rester amis... Lui très lié à elle... Et elle beaucoup moins.

Il s'appreta à prendre congé de Neyge, quand Andewen appela les Ombres au secours. Melwaen avait disparu....
Neyge et lui se rendirent précipitament à la maison de Melwaen pour aider Andewen.
Toutes les Ombres se mirent à le recherche de Melwaen...
Etait-ce parce qu'il était perturbé par le refus de Neyge, et donc très fragile psychologiquement, ou était-ce parce qu'il se sentait responsable de la disparition de Mel, puisque Laelawyn lui avait demandé d'ouvrir l'oeil, et que Mel avait disparue, il ne le savait pas. Mais toujours est-il que Llestael était dans une rage folle.. Chaque maraud qui tombait sous son fer ne vivait pas assez longtemps pour implorer la pitié....
Llestael alla même jusqu'à égorger un par un les blessés d'un camp de brigands qui avaient été mélés à cet enlèvement....

Mel avait été retrouvée, finalement.
Mais Llestael se sentait responsable... Il n'avait pu faire la part des choses, entre ses sentiments qui l'avaient aveuglés, et la responsabilité qui lui avait été confiée par Laelawyn.

Une décision devait être prise.

Mais ceci est une autre histoire!

» Amarthaina, chroniques d'une longue semaine sans Neyge...partie 4
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» Lettre à LLestael et à Amy
» Qui est Neyge