Il est des jours où on ouvre les yeux. A se demander comment on a pu rester aveugle à ce point si longtemps. Ce qu'on voit alors est terrible et pourtant, aucune surprise. Je savais… Ce que je vois clairement maintenant a toujours été en moi. Je ne voulais simplement pas regarder.
En venant ici, dans cette région, je pensais trouver quelquechose ou quelqu'un qui puisse m'aider, me dire dans quelle direction je devais continuer. Alors on s'attarde, on cherche, on discute… Espoir futile. Comme ce cher Wanfield qui m'avait promis de tout faire pour moi: "je t'aiderai, je serai toujours à tes côtés. Tu sais que je te considère comme un frère."
A la tombée d'une de ces nuits froides et venteuses, il était venu avec moi pour récupérer un joyau qu'il me disait précieux dans une vieille mine soi-disant abandonnée. C'est dans l'entrée qu'il s'en est retourné en riant aux éclats, me laissant seul face aux étranges bruits venant de la mine. Les combats de cette nuit furent une terrible épreuve pour moi. Les créatures croisées étaient toutes remplies de haine. Leurs cris stridents, leurs rires et leurs grognements avaient inondé mes oreilles, telle une vague peut subitement inonder une maison sur le rivage, jusqu'à devenir un monde à part entière, ce monde dans lequel j'ai dû vivre de longues minutes. Il a fallu que je parte sans me retourner.
Je sens le vide autour de moi. Je le vois.
Je ne peux plus vivre ici, il faut que je parte. Pourtant, quelques fleurs semblent pousser de ci de là. Mais leurs fruits sont empoisonnés. Et cette lumière qui me fait mal aux yeux…
L'endroit où je suis né est celui où je devrais être. J'en ressens le besoin, retourner là d'où on vient, retrouver cette quiétude. Là où la lumière ne ma fera plus mal aux yeux.